Partager:
Les dépanneurs travaillant pour la justice dénoncent des retards de paiement de l'Etat, mettant en péril leurs activités. Certains envisagent de passer à des actions radicales.
Les dépanneurs collaborant avec le système judiciaire belge sont à bout de patience. Ils dénoncent des retards de paiement chroniques de l'Etat, qui mettent en péril la survie de leurs entreprises. Les sommes dues peuvent atteindre des montants considérables, avoisinant parfois les 50.000 euros.
David, dépanneur de profession, raconte les difficultés auxquelles il fait face quotidiennement. "Ça m'est déjà arrivé d'envoyer 20 factures sur le même jour et des fois, sur les 20, on en reçoit 2 et les 18 autres, on ne sait pas quand on va être payé." Ces retards de paiement impactent directement la santé financière de son entreprise, dont 70 % des missions sont liées au travail pour la justice.
Les chiffres témoignent d'une situation critique. Cindy, la secrétaire de David, confirme l'ampleur des retards. "Je dirais que pour 2025, nous avons toujours 18.306 euros d'impayés et un total de 46.174 euros au total. Cette semaine, ils nous ont payé 250 euros." Ces sommes laissées en suspens paralysent les entreprises, qui doivent pourtant continuer à s'acquitter de leurs propres obligations envers l'Etat, parfois avec des intérêts ou des pénalités pour retard.
Les dépanneurs ne sont pas les seuls touchés
Cette situation d'impayés est également un problème systémique. Fin 2022, le SPF Justice déclarait avoir débloqué 10 millions d'euros pour réduire les dettes accumulées. Cependant, Thierry Mansvelt, expert judiciaire, juge ce montant largement insuffisant. "Il en fallait beaucoup plus, il en fallait au minimum 20 à 25 millions en plus." Selon lui, la gestion actuelle des paiements est fragmentée et insuffisante, touchant différents secteurs comme les traducteurs ou d'autres experts judiciaires.
Des actions envisagées
Face à cette impasse, des dépanneurs envisagent de mener des actions de protestation. David, bien que réticent, se dit prêt à participer. "Bien sûr, je vais suivre le mouvement, s'il faut faire ça, en arriver là pour être payé, pour que les choses se passent normalement, c'est triste." Thierry Louis propose de son côté une grève générale des experts judiciaires pour une semaine afin de marquer les esprits et pousser à l'action.
Ces professionnels rappellent qu'ils ne souhaitent qu'une chose : être simplement payés pour leur travail. "Le problème, apparemment, serait qu'ils sont en manque d'effectifs. Je peux le comprendre, mais les factures ne sont pas payées. Mon travail en prend un coup, la société en prend un coup et on a besoin que ça avance et que chacun soit payé." Ce cri d'alarme s'ajoute à ceux déjà lancés par d'autres secteurs en difficulté avec l'administration.


















