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La Belgique pourrait vendre une partie de son or pour financer la Défense: est-ce vraiment une bonne idée?

C'est une valeur refuge qui n'a jamais aussi bien porté son nom. Le cours de l'or a dépassé la barre symbolique des 3.000 dollars l'Once, environ 2.750 euros pour 31 grammes. Une première historique liée aux inquiétudes géopolitiques du moment et ça fait les affaires de la Belgique : la vente d'une partie de nos réserves pourrait financer la Défense.

227 tonnes ayant une valeur d'environ 20 milliards d'euros : ce sont les réserves d'or de l'État belge gérées par la Banque Nationale. Selon le journal L'Écho, vendre une partie de ce trésor serait l'une des pistes du gouvernement fédéral pour trouver les 17 milliards d'euros nécessaires pour financer l'augmentation des moyens pour la défense.

"Ce serait une bonne idée, parce que cet or ne garantit plus rien. C'est un actif de l'État", précise Bruno Colmant, économiste. "Le seul problème, c'est que cet actif est dans le bilan de la Banque Nationale. Et la Banque Nationale de Belgique, de manière assez étonnante, est détenue aussi par des investisseurs privés. Donc ces investisseurs vont dire que si l'or est vendu, une partie du bénéfice le revient, et donc il y aura certainement un conflit juridique avec l'Etat. C'est une voie qui est intéressante, mais qui n'est pas sans accroc d'un point de vue judiciaire".

Par le passé, l'État belge a déjà vendu de l'or : au début des années 90 à l'époque de Jean-Luc Dehaene pour réduire l'endettement et faciliter l'entrée dans l'euro, et en 2005 sous Guy Verhofstadt pour combler le déficit. À chaque fois, cela réduit donc la réserve, basée essentiellement à l'ombre. "L'or a été, dans beaucoup de pays européens, délocalisé un peu avant l'évasion allemande et placé en Angleterre et parfois aux États-Unis", note l'économiste.

Cette piste n'est pas envisagée actuellement par hasard : le cours de l'or n'a jamais été aussi haut. 3.000 dollars l'once, ce qui équivaut à 31 grammes du métal précieux. Une augmentation d'un peu plus de 40% en un an, qui s'explique notamment par le fait que plusieurs pays achètent de l'or en quantité. "Des banques centrales à travers le monde achètent de plus en plus d'or. Notamment en Chine, mais aussi en Russie et dans certains pays émergents. En fait, ils ont simplement peur des sanctions et d'être exclus du système monétaire international. Et donc, ils se disent que c'est mieux d'avoir des réserves d'or. La Chine, par exemple, achète énormément d'or. Et donc, si l'offre est limitée, on a une grosse demande des banques centrales et cela renforce le prix", explique Charlotte de Montpellier, économiste chez ING.

À cela s'ajoutent les tensions géopolitiques actuelles et la guerre commerciale qui s'annonce avec les États-Unis. Différents éléments qui font dire aux spécialistes que ce record historique pourrait bien n'être qu'éphémère.

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