Les employeurs demandent d'augmenter les titres-service de 5 euros: "Le secteur est sur le point de basculer"

Les employeurs demandent d'augmenter les titres-services de 5 euros. Les trois plus importants employeurs du secteur des titres-services tirent la sonnette d'alarme et demandent une révision du titre-service pour faire face aux difficultés de gestion. "C'est un appel à l'aide, car le secteur est sur le point de basculer", disent-ils.

Ce qui pousse le secteur à demander cette augmentation, c'est "l'effondrement de la rentabilité", justifie Arnaud Le Grelle, directeur de Federgon Wallonie-Bruxelles. Cette augmentation est liée, selon ses explications à "l'augmentation des exigeances en terme de qualité d'emploi", ce qui fait que le secteur ne s'en sort plus "dans le modèle actuel".

Une analyse que les organisations patronales ont fait réaliser par Graydon Creditsafe montre, notamment, que la moitié des sociétés de chèques-services sont actuellement déficitaires. Le prix d'un titre-service (9€/h) est le même depuis 2014, mais les coûts pour les employeurs ont fortement augmenté ces dernières années.

Les entreprises qui réalisent encore des bénéfices voient leurs marges diminuer. Le manque de financement raisonnable se fait également au détriment des aides ménagères elles-mêmes, qui voient la formation et le soutien disparaître progressivement.

Une perspective durable

Selon les employeurs, une augmentation de la valeur du titre-service de 5 euros donnerait au secteur une perspective durable.

Une aide ménagère touche aujourd'hui en moyenne 13,50€ brut de l'heure, un prix fixé par les conventions collectives du secteur. Un contrat à temps plein de 38h par semaine rapporte un salaire mensuel compris entre 2.050 et 2.250€ brut.

"Ce que nous demandons, c'est que le financement par heure soit augmenté de 5 euros à partir du premier janvier prochain. Ça ne veut pas dire que cette augmentation doit être exclusivement à la charge des ménages. Nous voulons une discussion avec les trois gouvernement régionaux et du fédéral autour de l'avenir des titres-services" a précisé Arnaud Le Grelle.

Les régions prennent en charge la différence entre le prix du titre-service et le salaire, mais cette aide ne comble pas tous les frais liés à l'activité des agences.

Tous les employeurs ne demandent pas une augmentation de 5 euros du titre-service. La Fédération wallonne des entreprises d'insertion (Initiatives) et la Plateforme de concertation des organisations représentatives de l'économie sociale en Belgique francophone (concerte) indiquent jeudi qu'elles ne soutiennent pas la demande d'augmentation de 5 euros du titre-service.

Les organisations s'opposent "fermement" à la demande des fédérations patronales pour "assurer l'équilibre du dispositif". "Une augmentation aussi conséquente du titre-service serait insoutenable pour les classes moyennes inférieures", soutienent les deux organisations dans le communiqué. En outre, elles indiquent que cela inciterait au travail au noir, mais aussi que "la proposition du gouvernement wallon d'augmenter le titre-service de 1 euro permet déjà de structurer le secteur en cette période de crise".  

La FGTB, la CSC et la CGSLB ont également réagi à l'annonce dans un communiqué jeudi. "Le secteur est subventionné à 70% par les pouvoirs publics", affirment les syndicats. "Nous sommes et restons d'avis que l'argent public doit être utilisé pour le bien-être des aide-ménagères et non pour enrichir davantage une riche minorité d'actionnaires."