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À 71 ans, un Liégeois vient de découvrir qu'il était devenu donneur de sperme contre sa volonté. La faute à un médecin qui a détourné des échantillons de leur usage initial. Ils ont donné naissance à au moins 2 enfants.
MyHeritage est un site internet qui essaye sur base de votre ADN, d'établir des liens avec des membres de votre famille dans le monde entier. Un limbourgeois de 45 ans l’a utilisé pour retrouver son père biologique. La découverte a été surprenante.
"Il a envoyé un message à cet homme et ce message est resté sans réponse", dit Steph Raeymakers, président de l'ASBL Donorkinden. "Grâce à la banque de données, il l'a retrouvé sur Facebook, mais là aussi il n’y a pas eu de réponse. Il a ensuite contacté notre ASBL. J'ai alors suggéré d’essayer de le rencontrer pour tenter de comprendre cette histoire car ça semblait bizarre qu’il ne réagisse pas."
Il n'était pas donneur
Son père biologique, un Liégeois de 71 ans, prétendu donneur de sperme s’avère finalement ne pas être un donneur. Dans les années 70 lorsque cet homme était étudiant et il a fourni chaque semaine et durant 5 ans son liquide séminal à des médecins, pour la recherche scientifique.
Mais en réalité, son sperme a été utilisé pour concevoir des enfants. Aujourd’hui, il aurait donc au minimum deux garçons. Un choc total pour ce Liégeois de 71 ans.
"Imaginez qu’en toute bonne foi, vous avez fait confiance à un médecin qui vous a dit : 'C'est pour une étude scientifique, vous recevez de l'argent pour cela, vous faites quelque chose pour la science, c'est quelque chose de bien'", explique Steph Raeymakers. "Mais cet homme ne s'attendait pas à ce que, 40 ans plus tard, il se retrouve face à des enfants biologiques dont il n'avait pas connaissance."
Le docteur est décédé en 2016
Le docteur Robert Schoysman, décédé en 2016, travaillait à l'UZ Brussel et l'hôpital Brugmann, en plus d'avoir son cabinet privé. Il était également professeur d'obstétrique à la VUB depuis 1973, où il incitait ses étudiants à faire des dons de sperme.
C'est la première fois que ce genre d'affaire est révélé en Belgique. Donorkinderen exige une enquête à grande échelle avec la collaboration du SPF Santé, du SPF Justice, de la VUB, de l'UZ Brussel, de l'AFMPS et de l'Ordre des médecins.
La VUB n'a pas encore trouvé la recherche
La recherche pour laquelle un homme avait donné du sperme, utilisé ensuite sans son autorisation par un médecin spécialiste de la fertilité, n'a pas (encore) été retrouvée par la Vrije Universiteit Brussel et son hôpital universitaire (UZ Brussel).
"Ni la VUB ni l'UZ Brussel n'ont connaissance actuellement de publications du professeur dans le cadre d'une recherche scientifique sur les donneurs de sperme. C'est pourquoi il est si difficile" de retracer comment le sperme a pu être utilisé sans autorisation, réagissent la VUB et l'UZ Brussel, qui "regrettent" cette affaire.
L'homme dont le sperme a été utilisé sans son autorisation avait donné des échantillons quatre fois par mois entre 1974 et 1979. Selon la VUB et l'UZ Brussel, cela pourrait indiquer des tests visant à détecter des anticorps contre les spermatozoïdes. Ce genre de recherche nécessite des dons réguliers sur plusieurs années.
"La VUB et l'UZ Brussel appliquent des procédures strictes pour les dons et en communiquent clairement les raisons. Pour chaque donation, un contrat est conclu avec le donneur. Une autorisation clairement informée est nécessaire pour l'utilisation de spermatozoïdes dans le cadre d'une recherche scientifique", insistent les deux institutions.
A la lumière de cette affaire, une première en Belgique, des appels à lever l'anonymat du don de sperme se sont une nouvelle fois élevés. La législation actuelle impose l'anonymat du donneur sauf lorsque les deux parties se connaissent au moment du don.