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Peut-être craignez-vous les orages, la foudre, ou les éclairs... Serge Zaka, c'est sa passion. Chasseur d’orages, il les photographie au point de remporter un concours international d’image météorologique. Il est aussi scientifique : entre climat et agriculture, il milite pour des solutions audacieuses.
Il a le look d'un aventurier façon Indiana Jones, sauf que lui ce n'est pas les trésors qu'il chasse... mais les orages. Une passion qu'il dévore depuis qu'il est adolescent. Serge Zaka grimpait sur le toit du supermarché pour scruter le ciel, observer les éclairs et voir tomber la foudre.
"Il y a quelque chose qui attire tout le monde dans les orages, c'est cette espèce d'antagonisme, de sentiment qu'on a. C'est-à-dire à la fois la peur et la fascination. Les hormones du stress et les hormones, on va dire, face à la fascination. Cet antagonisme de sentiment, c'est ce qui m'attire, c'est ce qui attire tout le monde. Sauf qu'en réalité, les personnes regardent les orages à travers les vitres. Moi je préfère aller dehors et les photographier."
Les orages me rappelaient le bruit des bombes
Serge Zaka est né en 1989 au Liban. Le pays est en guerre, sa famille prend donc la fuite vers la France. Mais il en garde des souvenirs assourdissants. "Les orages me rappelaient le bruit des bombes. Mais avec les orages, je pouvais transformer ce bruit en quelque chose de beau. Avec la guerre, ce n'est pas forcément possible. C'est donc une forme de catharsis, on pourrait dire, face à ces bruits que j'ai connus plus jeune, peut-être de manière inconsciente. Maintenant j'essaie de le faire au travers de la beauté de notre nature."
Cela fait 16 ans qu'il chasse les orages. 16 ans qu'il collectionne des images spectaculaires, comme celle qu'il a capturée la nuit du 4 août 2020 à Théoule-sur-Mer, face à la baie de Cannes.

Il est réveillé par un orage isolé et un éclair extra nuageux. "C'est un éclair qui va sortir du haut du nuage et venir taper en dehors de l'orage. L'orage s'est développé tellement vite que je n'ai pas eu le temps de m'habiller, je suis allé directement sur le terrain. J'ai pris en photographie cette photo, sans même avoir vu l'éclair, puisque j'étais encore sur mon téléphone à vérifier les radars de précipitation."
Avec ce cliché, il remporte en 2021 le prix de la plus belle photo du monde, décerné par la société royale météorologique.
Le dérèglement climatique, entre opportunités et menaces
Mais Serge Zaka n'est pas seulement un aventurier talentueux, c'est un scientifique, agroclimatologue, reconnu pour son expertise sur les interactions entre le climat et l'agriculture.
Selon lui, le dérèglement climatique peut à court terme être source d'opportunités. "Vous aurez certainement plus de vin dans le sud de la Belgique d'ici 2050 que de bière, parce que le climat vous le permettra. Vous aurez certainement beaucoup plus d'arboriculture, de fruits et légumes, et peut-être même d'ici 2040-2050, vous aurez des filières de légumes d'été, notamment les tomates, les courgettes, les aubergines, qui pousseront très bien en Belgique, et vous avez tout intérêt à le faire."
Il nuance toutefois : "Ce discours scientifique, qui peut être rassurant au premier abord, c'est jusqu'en 2050. C'est après que le problème intervient. En France par exemple, et parfois même dans le sud de la Belgique, on attend des canicules où il fera entre 45 et 50 degrés d'ici 2100", alerte Serge Zaka.
"Dites-moi, quel végétal en Belgique et en France peut s'adapter à 45-50 degrés ?", fait-il remarquer.
En utilisant l'art et la science, en explorant les pistes pour adapter le monde agricole aux réalités du climat, Serge Zaka nous interroge surtout sur l'avenir de la planète.


















