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Le gouvernement fédéral se prépare petit à petit au « col hors catégorie » budgétaire, selon la métaphore cycliste utilisée par le Premier ministre Bart De Wever. Dès ce week-end, les principaux ministres s’attelleront à la préparation du budget 2026. L’atterrissage est attendu d’ici le mardi 14 octobre, date à laquelle le chef du gouvernement fédéral prononcera sa déclaration de politique générale devant la Chambre.
L’une des ambitions phares de la coalition Arizona est le retour à terme à l’équilibre budgétaire. L’objectif initial était d’atteindre un déficit de 3 % du PIB en 2030. Mais, depuis lors, la situation s’est encore dégradée et plusieurs événements contribuent à l’incertitude économique, comme la poursuite de l’agression russe contre l’Ukraine ou le retour de Donald Trump à la Maison Blanche.
Selon le dernier rapport du Comité de monitoring, le budget devrait afficher cette année un déficit de 4,2 % du PIB, soit 26,566 milliards d’euros. Ce déficit devrait ensuite augmenter et atteindre 5,5 % en 2029 et 5,8 % en 2030, soit respectivement 39,148 milliards d’euros et 42,585 milliards d’euros.
Selon des sources gouvernementales, ce déficit pourrait même atteindre, à politique inchangée, 6 % du PIB d’ici la fin de la législature en 2029. Ces chiffres incluent les dépenses de Défense supplémentaires, une baisse des impôts ou encore des charges d’intérêts plus élevées. Cette estimation table par contre moins sur les effets retour.
Le ministre du Budget, Vincent Van Peteghem (CD&V), a tiré la sonnette d’alarme la semaine dernière en étant le premier à chiffrer le budget. Il a évoqué un montant de 16,6 milliards d’euros à trouver, en plus de la trajectoire déjà prévue dans l’accord de gouvernement. Le quotidien De Morgen a indiqué cette semaine que le Premier ministre préférerait viser 8 à 10 milliards d’ici 2029. Ce chiffre est confirmé à bonne source au sein de l’Arizona.
Si le gouvernement parvient à trouver 10 milliards d’euros, cela représenterait un effort de 1,5 % du PIB, réduisant le déficit à 4 % du PIB en 2029. D’éventuels effets retour pourraient encore réduire ce déficit, rapprochant le budget fédéral de la trajectoire initialement soumise à l’Union européenne, dans le cadre de la procédure en déficit excessif. L’objectif reste d’atteindre 3 % en 2030.
La manière dont le gouvernement parviendra à cet objectif reste à déterminer. Participant au sommet européen de Copenhague, le Premier ministre était absent jeudi à la Chambre. Il a toutefois indiqué, par la voix de son collègue de parti et ministre des Finances, Jan Jambon (N-VA), qu’il s’agissait de « réformer et économiser », en se concentrant principalement sur les dépenses.
La tonalité était quelque peu différente chez Vincent Van Peteghem. À ses yeux, si des mesures sont nécessaires en matière de dépenses (malades de longue durée, déficit public), il va falloir aussi regarder du côté des recettes. Et le chrétien-démocrate de citer des mécanismes qui font perdre des rentrées à l’État : les sociétés de management, les droits d’auteur ou encore les flexijobs.
Durant la semaine, Vooruit a proposé d’instaurer une « taxe des millionnaires » à partir d’un million d’euros, dans les faits un élargissement de la taxe sur les comptes-titres. Celle-ci pourrait rapporter un milliard, selon les socialistes flamands. Si, dans l’opposition, PS et PTB ont salué l’idée, le MR (majorité) a immédiatement balayé la proposition. Les libéraux ont plutôt suggéré de trouver 5 milliards d’euros auprès des malades de longue durée.
« Il y a des partis qui veulent moins de riches. Nous, nous voulons surtout moins de pauvres », a conclu Jan Jambon à la Chambre. Paul Magnette (PS) a vivement contesté le propos et a pris l’Espagne en exemple : « notre gouvernement (la coalition Vivaldi) a sorti 200.000 personnes de la pauvreté.(…) L’Espagne fait tout l’inverse que ce que vous faites, et l’Espagne est l’un des pays de la zone euro qui a le taux de croissance le plus élevé et le déficit le plus bas. »



















