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"C'est l'arrogance habituelle des leaders séparatistes": Ahmed Laaouej s'en prend à Bart De Wever qui veut mettre Bruxelles sous tutelle

Face à l'absence de gouvernement à Bruxelles un an après les élections et une dette régionale qui gonfle au fur et à mesure, Bart De Wever, Premier ministre, veut placer la région Bruxelles-Capitale sous tutelle. Pour Ahmed Laaouej, chef de file PS au Parlement bruxellois, la mesure n'est pas réalisable. Il dénonce le discours d'un "vrai leader séparatiste".

EN DEUX MOTS :

  • Ahmed Laaouej dénonce les propos de Bart De Wever sur Bruxelles. Il qualifie le Premier ministre de leader séparatiste méprisant Bruxelles et la Wallonie.
  • Il rejette l’idée d’une tutelle fédérale sur Bruxelles et accuse le gouvernement Arizona d’aggraver la situation budgétaire des Régions.
  • Le PS veut assainir les finances bruxelloises sans austérité, et critique le MR pour son alignement sur la N-VA.

Bart De Wever, Premier ministre en poste depuis 100 jours, a dressé son premier bilan dans une interview exclusive accordée à Martin Buxant pour RTL info dimanche. Il a notamment fustigé la région Bruxelloise et ses leaders politiques, pour l'absence de gouvernement, un an après les élections régionales. Ahmed Laaouej, l'un des principaux intéressés vu sa position de chef de file PS au Parlement bruxellois, réagit au micro de Martin Buxant dans le 7h50 de bel RTL.

Martin Buxant : Bart De Wever disait : "Ce qui se passe à Bruxelles est un scandale. Quand les autorités viendront me demander de l'argent, je vais mettre la région sous tutelle". Ahmed Laaouej, votre réaction par rapport à ça ?

Ahmed Laaouej : Ça ne doit pas étonner. Ça vient d'un Premier ministre, mais qui en réalité est un leader nationaliste et séparatiste. C'est quelqu'un qui considère que la Constitution est un chiffon de papier. Rappelez-vous, il y a une semaine, il attaquait le procureur du roi de Bruxelles, qui veut lutter contre les mafias, qui demande des moyens. Bart De Wever, Premier ministre, chef de l'exécutif, attaque le pouvoir judiciaire en remettant en cause son impartialité. Aujourd'hui, il attaque l'autonomie de la région bruxelloise parce que fondamentalement, il n'a pas de respect, d'ailleurs, ni pour la Belgique, ni pour la Wallonie, ni pour Bruxelles. C'est un vrai leader séparatiste sous, je dirais, les dehors de prétendu Premier ministre.

Mettre Bruxelles sous tutelle comme le FMI, le Fonds monétaire international, le fait parfois avec des pays en voie de développement, c'est possible ?

D'abord, ça n'est pas possible. Et puis, c'est l'arrogance habituelle des leaders séparatistes anti-bruxellois qui viennent du nord du pays. Par ailleurs, il est quand même mal placé pour faire la leçon. Je dois rappeler que le budget fédéral affiche un déficit de 25 milliards d'euros, avec plus de 4 milliards d'euros de refinancement de la défense qui n'existe pas. Donc, il doit encore trouver 4 milliards pour refinancer la défense, avec aussi prétendument des effets retours pour plus de 4 milliards d'euros. Bref, vraiment un budget fédéral qui ne ressemble à rien. Et c'est le même Bart De Wever qui voudrait faire la leçon aux autres et à la région bruxelloise en particulier.

Vous lui dites : "Occupez-vous d'abord de votre budget fédéral avant de venir dans le budget bruxellois" ?

Le principal danger financier pour la région bruxelloise et pour la région wallonne aussi, d'ailleurs, c'est le gouvernement fédéral, c'est l'Arizona, puisqu'il reporte des charges vers les régions et vers les communes de Bruxelles et de Wallonie, avec l'exclusion des demandeurs d'emploi au 1er janvier, mais aussi, pour ce qui concerne Bruxelles, le fait d'avoir coupé pour 150 millions d'euros dans Beliris sur la période, plus toute une série de report des charges qui sont liées aux pensions. Bref, aujourd'hui, ce qui met en danger financièrement les autres régions, c'est le gouvernement Arizona.

Quand le Premier ministre dit que la région bruxelloise est au bord du précipice, ce n'est pas vrai?

Il devrait d'abord s'occuper des finances du fédéral et de l'Arizona. Et par ailleurs, à un moment donné, qui va payer ça ? Ce sont les Belges. Parce que quand on doit trouver de l'argent, on doit trouver 25 milliards d'euros, qu'on n'est pas capable de refinancer la Défense après des effets d'annonce. Quand on reporte des charges sur les autres, on est mal placé pour faire la leçon. Mais surtout, des coupes dans les soins de santé pour plus de 2 milliards d'euros, ce sont les Belges, les Belges bruxellois, flamands et wallons, qui vont payer la facture.

Vous trouvez que son budget fédéral n'est pas crédible, mais si je reviens encore sur le budget et la dette bruxelloise, on en est où là ? Il y a véritablement péril en la demeure ou pas ?

Le parti socialiste veut un budget 2025. Et le parti socialiste est favorable à une trajectoire qui permet de remettre de l'ordre dans les comptes de la région bruxelloise. Avec 250 millions, 300 millions d'efforts, sur une période qui ne soit pas une période d'austérité, on pourrait y arriver, clairement. Donc il y a des choses à faire en travaillant sur les investissements, en travaillant sur les dépenses, mais aussi sur les recettes. Donc oui, il est possible de relever le challenge pour assainir les finances bruxelloises, sans politique d'austérité, contrairement à ce que l'Arizona veut nous imposer.

Et aujourd'hui, finalement, les seuls à être sous tutelle de la N-VA et du fédéral, c'est plutôt le MR. C'est le MR qui veut nous imposer la N-VA, par-dessus tout à Bruxelles, pour refaire de l'Arizona à Bruxelles. Les Bruxellois n'ont pas voté pour une politique d'austérité qui s'en prend aux droits des travailleurs, qui s'en prend aussi aux pouvoirs locaux, qui s'en prend aux services publics, aux soins de santé des bruxelloises et des bruxellois. Les bruxellois n'ont pas voté pour avoir un Arizona bis à Bruxelles.

Le Premier ministre dit que ce sont les partis de gauche qui jouent des jeux politiques sans fin.

Ces propos n'engagent que lui. On ne doit pas attendre d'un leader séparatiste qui, dans son logiciel le plus profond, est anti-bruxellois et anti-belgique, qu'il parle, si vous voulez, avec poésie, de Bruxelles et des bruxellois.

Il n'aime pas et veut détruire Bruxelles ?

Il y a une volonté de domination et d'hégémonie de la N-VA. Mais fondamentalement, en réalité, aujourd'hui, la stratégie de la N-VA, c'est de se dire que, grâce, malheureusement, à certains partis complices comme le MR, par exemple, il n'y a plus besoin de faire des réformes de l'État. On renvoie les charges vers la Wallonie et vers Bruxelles pour asphyxier les Bruxellois et les Wallons. Et avec ça, bien évidemment, ça permet de renfouer les caisses de qui ? Finalement, la Flandre.

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