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Alors que Bruxelles s'est tristement illustrée en 2024 en tant que troisième ville européenne en nombre de fusillade, devant Marseille, la nouvelle ministre de la Justice Annelies Verlinden (CD&V) nous livre, dans sa première interview depuis sa prise de fonction, son plan d'action pour endiguer le phénomène dans le 7h50 de bel RTL.
Bruxelles a été le théâtre de multiples fusillades ces dernières semaines. Des coups de feu, parfois mortels, ont retenti dans la capitale belge. Il s'agit à chaque fois de règlements de comptes, de guerres entre bandes rivales dans le milieu de la drogue. "C'est une guerre de terrain, les bandes criminelles essayent d'occuper le terrain et de faire leur commerce", explique Annelies Verlinden, nouvelle ministre fédérale de la Justice.
Face à l'ampleur du problème, elle souhaite se démarquer de ses prédécesseurs : "Il faut travailler ensemble, et pas à court terme. Si on fait toujours la même chose, on va peut-être avoir toujours les mêmes résultats. On voit une croissance de la violence comme à Marseille et aux Pays-Bas", déplore-t-elle.
Selon la ministre de la Justice, il faut s'attaquer à l'économie de ces bandes: "Le flux d'argent est si important, qu'il faut travailler sur leur business model". Elle propose en outre une fusion des zones de police à Bruxelles : "Je suis convaincue que ça va aider", assure-t-elle. "On peut avoir plus d'efficacité si on peut collaborer mieux ensemble, le back office et le recrutement peuvent être groupé."
Annelies Verlinden estime aussi que cela permettrait d'avoir davantage de policiers sur le terrain : "La police de proximité doit être très proche des citoyens et il faut que les PV puissent être transférés assez vite", ajoute-t-elle.
Un budget qui croît
La Justice est un des ministère qui verra son budget augmenter au niveau fédéral. La ministre de la Justice évoque "plusieurs milliards d'euros", auxquels vont s'ajouter 75 millions cette année. "Il y a une ligne de croissance dans cette législation pour arriver jusqu'à 450 millions d'euros de plus, mais il faut encore les partager", explique Annelies Verlinden.
Ensuite, vient aussi la question de la surpopulation carcérale. Peut-on enfermer tous les criminels en Belgique ? Récemment, nous apprenions que 140 détenus dorment à même le sol dans nos prisons. Une des solutions évoquées pourrait être le renvoi des prisonniers de nationalité étrangère dans leur pays d'origine. Selon la ministre de la Justice, un tiers à la moitié de la population carcérale n'a pas la nationalité belge. "L'année passée, on a travaillé avec le Maroc. Maintenant, on y a renvoyé plus de détenus", explique Annelies Verlinden.
Toutefois, ce n'est pas possible pour tous les pays d'origine : "Il faut respecter les traités internationaux des droits humains, ce n'est pas si facile que ça, on ne peut pas juste envoyer des avions avec des prisonniers", précise-t-elle. "Ce n'est pas possible de renvoyer n’importe qui n’importe où. Il faut des accords avec des pays tiers, mais on va travailler là-dessus pour libérer des places dans nos prisons."
La ministre espère aussi plus de concertation et des directives européennes plus claires et harmonisées.