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Les médecins belges davantage contrôlés pour "arrêter les abus": comment réagissent-ils?

Dès le 1er juillet, les certificats médicaux passeront au format électronique en Belgique. Objectif : repérer les médecins qui prescrivent trop de congés maladie. Une réforme qui suscite à la fois soutien et prudence dans le monde médical. 

C’est l’une des mesures marquantes de l’accord budgétaire 2025 conclu par le gouvernement belge : mettre fin aux abus en matière de certificats médicaux. À partir du 1er juillet, ces documents ne seront plus émis en version papier, mais uniquement sous forme électronique. Ce changement permettra de centraliser les données et d’identifier plus facilement les médecins qui délivrent un nombre anormalement élevé de congés.

Une réforme qui fait consensus

L’idée d’objectiver les pratiques médicales séduit une partie de la profession. "Ça permet de pouvoir préserver des ressources financières et autres pour pouvoir les mettre vers l'ensemble de la population", souligne Philippe Devos, médecin et directeur de la fédération UNESSA. "Aider le système à éviter des abus, c'est quelque chose que tout le monde attend", affirme-t-il.

Les médecins qui apparaîtront comme "hors normes" seront d’abord invités à adapter leurs pratiques. En cas de récidive, des sanctions financières sont prévues, même si le gouvernement n’a pas encore communiqué de montants précis.

Des chiffres à manier avec précaution

Mais la profession appelle à la vigilance quant à l’interprétation des données. "Peut-être que quelqu'un, simplement parce que son cabinet est dans un quartier particulier avec des problématiques de maladie importantes, a plus de patients malades que d'autres", avertit Philippe Devos. "Donc ça va être difficile de faire exclusivement des contrôles basés sur le nombre de certificats".

Les jeunes médecins pourraient par ailleurs être dissuadés d’exercer si les contrôles deviennent trop lourds ou perçus comme injustes.

Vers une approche plus fonctionnelle du congé maladie

Au-delà du contrôle, la réforme entend aussi faire évoluer la philosophie du congé médical. Le gouvernement veut désormais se concentrer sur ce que le patient est encore capable de faire, plutôt que sur ses incapacités. "Quand un patient est malade et qu'il arrive à retravailler, même partiellement […] dans un métier qui lui remet une certaine valorisation sociale, il guérit mieux", explique Philippe Devos. Cette approche viserait notamment à favoriser les guérisons psychologiques.

Une plateforme sera développée pour permettre aux médecins de mieux comprendre les métiers de leurs patients, afin d’évaluer avec plus de précision leurs possibilités de reprise partielle ou adaptée. Si la réforme est bien accueillie dans son intention, elle devra donc trouver un équilibre entre lutte contre les abus et respect des réalités de terrain.

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