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"C'est l'enfer au quotidien": victimes d'abus au sein de la Défense, ces militaires témoignent de leurs nombreuses séquelles

Les langues se délient. Alors que les regards sont tournés vers la caserne d'Amay, d'autres militaires brisent la loi du silence. Ces hommes meurtris racontent le calvaire qu'ils ont vécu dans d'autres casernes. 

Suite aux récentes révélations d'abus et de maltraitances au sein de la Défense belge, plusieurs témoignages affluent pour dénoncer ces agissements. Notre journaliste, Justine Roland Perez, a recueilli le témoignage de Xavier (prénom d'emprunt), militaire actuellement en arrêt médical et qui essaye de se reconstruire.

Lorsque Xavier, jeune militaire entré dans l'armée entre 2019 et 2020, explique ce qu'il a subi, le récit est tout simplement glaçant. "Ce sont des violences, des humiliations, beaucoup de violence verbale, plutôt que physique", témoigne le militaire. Il explique notamment avoir eu de l'urine dans son sac de couchage, ainsi que dans sa tente, l'obligeant donc à dormir dehors sans moyen de se réchauffer. "J'étais aussi privé de nourriture pendant quelques périodes", ajoute-t-il. 

C'est très compliqué de retourner travailler 

En arrêt médical depuis plusieurs mois pour tenter de se reconstruire, il compte néanmoins continuer à travailler au sein de la Défense, mais dans un autre domaine. "(...) C'est très compliqué de retourner travailler. J'ai beaucoup d'appréhension sur le retour. Maintenant, comment je vois l'avenir ? J'espère trouver une fonction qui me plaira, une plus humaine", précise Xavier. 

Des séquelles psychologiques et physiques

Malgré son souhait de retourner travailler dans un avenir, plus ou moins loin, Xavier s'interroge : "Je me demande si j'arriverai à retravailler correctement un jour", témoigne-t-il. Avec ce qu'il a vécu, son ancien lieu de travail est devenu une source d'angoisse. "Quand je suis chez moi, je me sens plus ou moins bien. Mais dès que je sors de la maison, même dans la vie privée, c'est vraiment très compliqué. Mais professionnellement aussi : si je reprends la voiture pour aller au travail, c'est très difficile aussi". 

Aujourd'hui, Xavier explique avoir un quotidien parfois difficile à gérer. Des angoisses sociales et des troubles du sommeil le paralysent chaque jour. "C'est l'enfer au quotidien", conclut-il.  

Une "tradition" militaire qui ne date pas d'hier

Pour François (prénom d'emprunt), militaire depuis 35 ans et bientôt pensionné, trop, c'est trop. Il était également temps pour lui de dénoncer les nombreux abus qu'il a constatés au sein de la Défense lors de ses années de service.   

L'homme explique toute sa déception de terminer sa carrière dans de telles conditions. "C'est effrayant, c'est honteux", s'indigne-t-il. Cependant, il tient à rappeler qu'il ne s'agit que d'une infime partie de la Défense qui est responsable de ces agissements. Cela ne l'empêche pas d'avoir un goût amer en bouche au moment de tirer sa révérence. "Après avoir accompli des missions, voir ça, c'est comme si j'étais dégradé. Je suis honteux", témoigne François. 

Mais pourquoi ces scandales sortent-ils aujourd'hui ? Au moment de répondre à cette question, François explique : "A un certain moment, ça doit sortir. Comme un volcan en fait. La pression était tellement forte ici qu'il y en a certains qui ont lâché la chose à certains endroits".

Ne surtout pas reculer devant ces gens

Alors qu'il va laisser sa place à de nouvelles recrues, le militaire espère un meilleur avenir pour elles au sein de la Défense. Il souhaite aussi que la "Grande Muette" puisse être nettoyée de tous ces scandales.

Ce qu'il espère, c'est "que les autorités gouvernementales et les autorités de la Défense prennent leurs responsabilités. Qu'elles disent aux gens ce qu'il se passe à la Défense, et qu'elles ordonnent à leurs chefs de corps et commandants de brigade, d'enlever les fruits pourris de la Défense. Il faut prendre des mesures nécessaires et ne surtout pas reculer devant ces gens". 

 

 

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