Partager:
Un débat est né ce matin à la suite de propos tenus sur bel RTL par le ministre fédéral de l’Emploi dans le cadre de la réforme du chômage. David Clarinval (MR) a évoqué une statistique selon laquelle près de 60 % des personnes qui seront prochainement exclues du chômage seraient d’origine étrangère. Une déclaration qui provoque interrogations et discussions autour de la présentation des chiffres et des réalités qu’ils cachent.
Il en faut peu pour être classé « d’origine étrangère »
Derrière ce chiffre, plusieurs précisions méritent d’être mises en lumière. Les données dévoilées indiquent notamment que 41 % des futurs exclus sont d’origine belge, tandis que 24 % sont d’origine européenne, 29 % d’origine non-européenne et 4,5 % d’origine inconnue. Ainsi, en regroupant les catégories « européenne », « non-européenne » et « inconnue », il est mentionné qu’environ 60 % des personnes concernées sont qualifiées « d’origine étrangère ». Cependant, il est crucial de souligner que cette appellation inclut des citoyens belges dont l’un des parents est né à l’étranger. C’est le cas de Marion, une Belge de 45 ans, née en Belgique de mère française, qui illustre cette complexité.
« Un côté pervers »
L’utilisation du terme « d’origine étrangère » fait débat, car elle peut conduire selon certains observateurs à des interprétations erronées ou des stigmatisations malheureuses. Patrick Charlier, directeur d’UNIA, le centre pour l’égalité des chances, souligne ce danger. « Le fait de parler de personnes étrangères ou de travailler sur l’origine étrangère a un côté un peu pervers, parce que ça montre qu’en fait, ça ne concerne pas les Belges alors qu’en réalité, ce sont bien des personnes qui sont belges. », précise-t-il Ces propos mettent en exergue les risques liés à une présentation imprécise ou simplifiée de ces données.
De plus, UNIA rappelle que la majeure partie des Belges d’origine étrangère sont issus de l’Union européenne. « Cependant, dans l’imaginaire collectif, cette notion évoque souvent à tort des populations extra-européennes, renforçant un préjugé bien ancré », dit-il. En réalité, une majorité des personnes classées comme « d’origine étrangère » ont des ascendances françaises, allemandes ou encore britanniques.
La discrimination au travail des personnes d’origine étrangère : une réalité documentée
UNIA alerte également sur un autre phénomène préoccupant : les discriminations au travail basées sur l’origine. Chaque jour, l’organisme reçoit en moyenne cinq plaintes à ce sujet. Ce débat sur la représentation statistique soulève la question plus large de l’intégration professionnelle des Belges d’origine étrangère, déjà frappés par des inégalités criantes sur le marché de l’emploi. Cette réforme risque de rendre cet accès encore plus complexe et d’alimenter les préjugés à leur encontre.


















