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Plusieurs incendies se sont déclarés ces dernières semaines, notamment le week-end dernier à Achouffe, en province de Luxembourg. Dix hectares sont partis en fumée. Les conditions de sécheresse ont clairement favorisé ces feux de forêt. Doit-on s’en inquiéter ? La Belgique est-elle prête, aujourd’hui, à faire face aux incendies de demain ?
La Belgique compte 700 000 hectares de forêt. Nos arbres occupent 1/4 de notre territoire. Malheureusement, ce n’est pas un secret : ces espaces verts sont vulnérables. Les périodes de sécheresse et de fortes chaleurs vont se multiplier.
"À partir du moment où l’on a des conditions météorologiques qui peuvent accentuer les feux de forêt, on doit se préparer à cette éventualité", explique Karim Sheikh Hassan, Directeur adjoint du centre d’analyse des risques liés au changement climatique.
Ces dernières semaines, à cause de la sécheresse, les pompiers ont dû lutter contre plusieurs incendies. Quatre hectares ont brûlé à Han-sur-Lesse, deux dans une forêt privée à Vielsalm, et dix hectares à Achouffe le week-end dernier.
Vincent Verrue, attaché à la direction des ressources forestières au Département de la Nature et des Forêts, explique : "Par rapport aux prévisions que l’on a pour dans 15 à 25 ans, avec des incendies beaucoup plus fréquents et plus intenses, il est fort probable qu’avec les moyens actuels, nous soyons dépassés".
Afin de prévenir d’éventuels dégâts importants, la forêt est déjà en cours de préparation. Comment ? En plantant notamment des essences d’arbres différentes. Il existe aussi des couloirs coupe-feu. De nouveaux coupe-feu, oui. Mais où les installer ?
On manque de financements pour se lancer
Problème : il manque des données, car on ne connaît pas encore précisément les endroits les plus vulnérables en Belgique. "Nous n’avons pas encore réussi à objectiver de manière très concrète les zones les plus dangereuses. On manque de financements pour se lancer…", ajoute-t-il.
Un manque de moyens pointé du doigt… et pourtant. En 2011, les services de sécurité ont pris conscience du danger : 1 300 hectares avaient été détruits par les flammes dans les Fagnes, malgré la mobilisation de 300 hommes.
Cet incident a marqué les services de secours. Depuis, des pompiers sont partis se former en France. Notamment Florian. Ce qu’il a appris dans le sud de la France, une région régulièrement touchée par les feux de forêt, il l’enseigne aujourd’hui aux pompiers de sa zone. "Des changements qui nous arrivent dessus nous poussent à nous préparer. (…) Il y a encore beaucoup de travail, mais nous avons déjà mis en place de nombreuses choses", explique-t-il.
La Wallonie doit se tenir prête
Chez nous, c’est la Wallonie qui doit le plus se préparer. Et pour cause : 80 % des espaces forestiers du pays se trouvent au sud du pays. Les services de secours se forment, mais voient un obstacle se dresser : le manque de moyens.
Stéphane Thiry, commandant de la zone de secours Luxembourg, explique : "Aujourd’hui, les zones de secours en Belgique n’ont pas la capacité de faire face à des incendies importants. (…) Il faudra qu’à un moment, le monde politique définisse jusqu’à quel niveau nous voulons assurer un bon niveau de sécurité à la population".
Un niveau qui n'est pas suffisant aujourd’hui, même si l’on commence à s’équiper. La zone de secours de Verviers vient d’investir dans trois nouveaux camions. C’est le même matériel que celui utilisé dans le sud de la France. Un investissement qui témoigne d’une prise de conscience, mais qui n’est peut-être pas encore suffisant.
"Il manque des hommes, du matériel, du savoir-faire… mais c’est quelque chose qui se met en place progressivement (…)", précise Olivier Giust, conseiller technique feu de forêt en province de Liège.
Dans neuf cas sur dix, les feux de forêt sont d’origine humaine. Un effort de vigilance est donc également demandé à la population pour éviter que nos forêts ne partent en fumée.
