Les Belges consomment trop de psychotropes. Ces derniers sont souvent mal utilisés, c’est pourquoi une campagne de sensibilisation démarre. Elle est destinée aux professionnels de la santé.
Les antipsychotiques ont du succès, un nombre croissant de concitoyens en consomme quotidiennement. Pourtant, ces médicaments peuvent comporter des effets secondaires, voire des risques pour notre santé. "Nous parlons surtout des somnifères et des médicaments utilisés contre l’anxiété, qui donnent surtout le matin surtout la sensation de fatigue et la nuit, des vertiges. Et puis aussi des problèmes de mémoire et des problèmes psychologiques. Pour les anti-dépresseurs, il s’agit plutôt du fait qu’on n’a plus les émotions qu’on a d’habitude, ou des problèmes sexuels", explique Thierry Christaens, médecin généraliste et Président de la Belgian Psychtropics Expert Platform.
Une campagne de sensibilisation lancée
En 2022, un Belge sur quatre a consommé des psychotropes. Ce lundi, le ministre de la Santé Frank Vandenbroucke a lancé une campagne de sensibilisation à destination des professionnels de la santé, notamment les médecins généralistes, les pharmaciens et les psychologues, afin de freiner cette "consommation inquiétante". "L’utilisation fréquente et en partie inappropriée des psychotropes dans notre pays est très problématique", dit-il. "Il est donc urgent d’évoluer vers un usage plus adapté des médicaments psychotropes, par le biais d’une approche raisonnée, approfondie et concertée."
Frank Vandenbroucke souhaite que les professionnels de la santé essayent toujours de se diriger d'abord vers une solution non-médicamenteuse. En cas de début de traitement, ils devront accorder une attention particulière aux effets secondaires mais aussi à la durée de cette médication.
Réaction de l'Ordre National des Médecins
"Je pense que les médecins ont tendance à prescrire trop de psychotropes", confirme Christian Melot, vice-président francophone de l'Ordre National des Médecins. "La relation entre médecin et patient est une relation de confiance. Si le patient ne dit pas toute la vérité, il peut abuser de la confiance du médecin."
Selon lui, pour éviter cette situation, tout est une question de collaboration entre le médecin, le pharmacien et le patient. "C'est un triangle qui doit se parler et essayer d'avoir des points d'accord et de confiance", explique Christian Melot. "Par exemple, un avis médical de l'Ordre des Médecins a été rédigé avec l'Ordre des Pharmaciens pour qu'une commission travaille sur ce problème de sur-prescription que ce soit pour les psychotropes ou d'autres médicaments."
"La solution la plus rapide est la pilule"
Cette explosion de prescriptions proviendrait essentiellement du fait que les gens attendent d’être en crise, en phase critique, pour consulter et tirer la sonnette d’alarme. "Souvent, les gens attendent longtemps avant de venir chez le médecin et donc la solution la plus rapide est la pilule, mais ce n’est pas toujours la meilleure solution. Une aide psychologique est souvent beaucoup plus efficace sur du long terme", indique Thierry Christaens.
L’une des solutions réside donc dans la prise en considération d’une aide psychologique, tel qu’un psychologue ou un psychiatre, qui permettra une meilleure gestion du stress sur le long terme.