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Victime ou proches de victime, Loubna, Pierre et Walter ont témoigné au procès des attentats de Bruxelles: "C'était un devoir"

Le procès des attentats de Bruxelles n’est pas terminé. Il reprend ce lundi à 9h avec les débats sur les peines. Pour les huit accusés déclarés coupables, le parquet réclamera une peine de prison après quoi la défense plaidera. Cette fois, les victimes n’auront plus la parole. Nous leur avons donnée une dernière fois à la veille de cette ultime étape.

Loubna, Pierre et Walter font partie de la centaine de victimes qu'ont fait les attentats de Bruxelles en 2016. Ils sont trois visages, trois parcours de vie qui ont témoigné devant la Cour d'Assises. 

Walter, blessé à Zaventem
À l'audience du 21 mars dernier, Walter brandit le Coran comme une arme face aux accusés. "Il fallait que je dise certaines choses, que je m'adresse à eux par rapport à ce qu'ils ont fait… D'avoir utilisé une religion et avoir fait ces actes abominables", raconte la victime à notre caméra. Walter s'est donc directement adressé à ses bourreaux. Une initiative lourde dont il porte encore les marques psychologiques. "Depuis ce témoignage, j'ai émotionnellement beaucoup encaissé. Je ne m'imaginais pas que ça allait créer de tels dégâts psychologiques. Je le paie depuis fin mars", livre-t-il. "On arrive à un stade où, même si on est fort psychologiquement, le cerveau, lui, ne peut plus accepter certaines informations." 


Blessé pendant l'attaque de l'aéroport, Walter court chaque jour sur son tapis de course pour éduquer sa jambe à sa nouvelle prothèse. Une prothèse qu'il a obtenue après une longue lutte… "C'est parti pour six ans, en espérant que dans six ans je n'ai plus à implorer pour une prothèse…"


Avant les débats sur les peines, qui commenceront ce lundi, la victime est ferme. "Il n'est pas imaginable que ces personnes obtiennent des peines qui leur permettent un jour de sortir de prison. Ce qu'ils ont fait est tellement abominable, odieux et inhumaine, les dés étaient presque jetés avant ce procès." 

Pierre, père d'Aline, décédée à Maelbeek
Dans le cabinet médical de Pierre, sur les murs, sur le bureau, Aline, sa fille, est partout. "Je la regarde tous les matins quand j'arrive et quand je repars le soir", confie-t-il. Dans une armoire non loin de lui, les livres d'Aline sont toujours là. "J'en prends un de temps en temps que je feuillette…"


Pierre n'a pas hésité à témoigner pour le procès des attentats de Bruxelles. "Pour moi, c'était un devoir, mais c'était aussi pour les miens pour expliquer comment nous avons vécu cette tragédie, puis c'était aussi l'occasion d'honorer sa mémoire, montrer qui elle était…" 

Son témoignage a, pour lui aussi, eu des conséquences. "Le vide je l'ai ressenti après le premier délibéré. Je me suis senti comme un cosmonaute qui revient sur Terre dans sa capsule spatiale et qui a un peu de mal à marcher avec l'apesanteur." Bientôt, le verdict sera donné. "On s'est demandé pendant ces sept ans si tout ça avait bien eu lieu, tellement ça n'avait pas de sens pour nous…"

Loubna, épouse d'Abdallah, blessé à Zaventem
Loubna, elle, a voulu montrer à la Cour son immense fatigue, après sept ans de lutte acharnée. "Pour moi, c'était évident, il fallait que je parle de mon vécu. Pendant les sept dernières années, on a souvent parlé des souffrances de mon mari, mais je n'ai jamais parlé de mes propres souffrances et de ce que ma famille a vécu avec nous", regrette-elle.


Le procès, en lui-même, a été une épreuve supplémentaire pour Loubna, ainsi que pour toutes les autres victimes. "On avait toujours un œil sur ce qui se disait, ce qui se passait. C'était une partie de notre vie qui était entre parenthèses…"

Loubna s'interroge sur la suite des événements. Elle craint que les choses n'aillent plus assez loin. "S'ils ont les peines les plus lourdes, d'accord, mais qu'est-ce qui se passe après? Pour ces gens-là, pour les victimes? Est-ce qu'on fait quelque chose pour que ça ne se reproduise pas? Est-ce qu'on sera délaissés, abandonnés, affaire classée? Les victimes ont besoin d'aide , d'un suivi à vie…"


 

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