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Vous postez des photos de vos enfants sur les réseaux sociaux? Attention, elles peuvent alimenter les sites pédopornographiques 

Par Charlotte Simonart et Steve Damman
Attention aux photos d’enfants que vous postez sur internet. Près d’un cliché sur deux, échangés par les pédocriminels, serait issu des réseaux sociaux. De plus, 40 % des personnes qui consultent les sites au contenu pédopornographique ont déjà tenté d’entrer en contact avec des enfants qui y figuraient.

C’est une habitude désormais très ancrée dans nos quotidiens : publier sur les réseaux sociaux des photos de nos proches pendant les vacances ou au cours d’événements marquants. Mais cette pratique, apparemment innocente, peut comporter des risques auxquels on ne pense pas toujours. Selon un organisme américain spécialisé dans la protection des enfants disparus ou exploités, près de 50 % des photos échangées sur des plateformes pédopornographiques proviendraient des réseaux sociaux.

Des photos banales, prises lors d’un anniversaire alimentent les sites pédocriminels

Ces photos, initialement destinées à des amis ou à la famille, alimentent aujourd’hui le contenu du dark web. Dans les locaux de l’unité de lutte contre la cybercriminalité, des milliers d’images circulent via des plateformes clandestines. « Quelqu’un qui faisait partie d’un profil privé sur Facebook avait pris la photo de la fille de son contact […], ce n’était pas une photo nude, c’est une fille en maillot de bain de 9 ans, raconte l’expert Yves Goethals, qui travaille à la section traite des êtres humains de la police fédérale. Il a mis ça sur une plateforme pédopornographique ».

Même des scènes banales, comme un enfant jouant sur la plage ou soufflant ses bougies d’anniversaire, peuvent être exploitées par des prédateurs pour des usages criminels.

Le danger est amplifié par l’intelligence artificielle

Ces dernières années, la menace s’est intensifiée avec l’avènement de l’intelligence artificielle. Non seulement l’IA permet de détourner facilement les photos, mais elle peut également manipuler les clichés pour créer des contenus compromettants très réalistes. « L’IA permet alors de détourer très facilement l’enfant et de changer les positions ou autre chose […], les bouger, les mettre dans des positions compromettantes, décrit Jeremy Grandclaudon, expert senior à l’agence du numérique ». Cette technologie amplifie encore les dangers liés au partage d’images d’enfants en ligne.

40 % des personnes qui consultent les sites pédocriminels ont tenté d’entrer en contact avec des enfants

Les conséquences de ces détournements ne s’arrêtent pas là. Outre les usages malveillants des clichés, les prédateurs peuvent aussi utiliser les informations liées aux photos pour localiser ou contacter directement les enfants. Les analystes rapportent que 40 % des personnes consommant du contenu pédocriminel ont déjà tenté d’entrer en contact avec un mineur. En publiant des photos sur les réseaux sociaux, « On ne poste pas juste une image, on poste un ensemble de données qui peuvent être utiles pour un prédateur », alerte Eglantine Cami, chargée de plaidoyer et de sensibilisation au sein de l’association Caméléon.

En Belgique, aucun adulte n’a le droit de poster une image de son enfant sans son accord

En Belgique, le cadre juridique offre toutefois un outil de protection : le droit à l’image. Chaque enfant, avant d’être exposé sur les plateformes en ligne, doit avoir donné son consentement. Si ce droit n’est pas respecté, un mineur peut poursuivre ses parents en justice et réclamer des dommages et intérêts.

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