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Ce professeur explique comment faire pour débusquer une "fake news"

Grégoire Lits, professeur à l'Observatoire de recherche sur les médias et le journalisme à l'UCLouvain, était l'invité du RTLinfo Bienvenue de ce vendredi 6 novembre. Avec notre présentateur Olivier Shoonejans, il a évoqué les fausses informations ("fake news") et la désinformation.

Qu'est-ce qui fait qu'elles explosent?

Il y a toujours eu des "fake news". Un élément qui joue, c'est l'explosion des réseaux sociaux. Ils participent à la transmission de l'information et donc facilitent la diffusion de fausses informations. Concernant le coronavirus, ce qui joue, c'est le caractère incertain du futur. Cela pousse les gens à chercher des explications faciles qui vont les rassurer et à véhiculer des fausses informations rassurantes.

Sur Facebook, par exemple, on peut voir des publications qui ont l'air bien écrites, avec des thèses pas vérifiables, mais qui ont l'air vraies. Comment s'en rendre compte?

Il y a deux phénomènes: il y a d'abord les fausses informations, qui rassurent et donc on va les partager. Et puis, il y a la désinformation. Ca ce sont des campagnes de fausses informations diffusées pour nuire ou pour transformer le climat politique et donc là, c'est dans l'intention de transformer la société. Donc là, il y aura beaucoup de soin donné à la rédaction d'informations qui ont l'air vraies.

Comment faire pour savoir si c'est vrai ou pas? Comment savoir si un site est fiable ou pas?

Le premier réflexe à avoir, c'est de faire une recherche quand une info paraît trop belle pour être vraie avant de la partager. Aller vérifier, aller sur Google pour voir si l'info est confirmée ou "débunkée": il y a des sites qui font un relevé des "fake news". C'est important d'aller les voir et c'est le premier réflexe à avoir.

On tout entendu ou presque sur le coronavirus: qu'il s'agit d'un complot mondial. On ne peut plus rien croire si on suit tout ça?

C'est un 2e élément qui explique le phénomène de la viralité des "fake news". C'est le climat de défiance envers les élites politiques, envers les médias traditionnels qui s'installe. C'est lié aussi à la montée du populisme dans beaucoup de pays, notamment aux Etats-Unis avec Donald Trump qui amplifie ce phénomène. Le populisme, finalement, c'est de dire que les élites qui nous gouvernent ne nous représentent pas, les médias ne représentent pas la vérité et donc cela amplifie ce phénomène des théories conspirationnistes. Donc, oui, il y a un climat politique qui joue aussi.

Les médias sont un peu coincés aussi: ils sont accusés de ne pas dévoiler la vérité ou d'en dire trop et d'être à la botte du gouvernement. Comment rétablir la confiance?

C'est une des difficultés du climat actuel, très polarisé où on a tendance à se méfier des médias. Un des rôles des médias, c'est de bien montrer qu'ils vérifient l'info et qu'ils soient persistants dans la manière de rendre compte d'un phénomène, qu'ils ne disent pas "A" un jour et "B" le lendemain.

Est-ce que les "fake news" et les théories complotistes touchent une certaine catégorie de la population?

On a des études en cours là-dessus. Le partage de fausses informations peut toucher tout le monde, mais ça va surtout toucher les gens qui s'informent via les réseaux sociaux. Au niveau des diplômes, ça n'a pas vraiment un rôle et au niveau de l'âge, on peut voir que les jeunes sont fortement touchés mais aussi les plus âgés qui sont très actifs sur les réseaux sociaux.

On y croit parfois. Est-ce que c'est parce qu'on en a marre de la situation actuelle?

Oui, parce qu'on en a marre ou bien alors parce le climat très incertain peut générer de l'anxiété voire de la dépression. Et on va alors chercher des manières de se rassurer, des certitudes et les "fake news", c'est trouver des explications simples à la situation complexe dans laquelle on vit.

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