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Galina, 80 ans, "ange gardien" des retraités pauvres à Saint-Pétersbourg

A 80 ans, Galina Iakovleva s'installe chaque matin au volant de sa camionnette chargée de nourriture et s'élance dans les rues de Saint-Pétersbourg pour faire la tournée de ses "protégés", surtout des personnes âgés aux retraites miséreuses.

"Je fais ça parce que j'aime aider les gens et que j'aime conduire. Et là, je fais ces deux choses à la fois", s'amuse Galina qui passe ses journées à distribuer gratuitement des produits alimentaires et des objets de première nécessité aux habitants les plus démunis de la deuxième ville de Russie.

Il y a une dizaine d'années, Galina Iakovleva a créé "Dobrota" ("Bonté" en russe), son association caritative. Elle y occupe à la fois les fonctions de directrice, gestionnaire, chauffeur et livreuse.

"La voilà, notre ange gardien, notre cœur d'or !", s'exclame sa voisine Nina, 84 ans, dans la cour de l'immeuble d'habitation où habite Galina, au sud de Saint-Pétersbourg.

Cette dernière lui tend aussitôt l'une des boîtes de gâteaux qu'elle rangeait dans sa camionnette.

"Allez, on va prendre encore un carton de pommes chez une copine et après j'ai trois visites à faire", lance-t-elle avant de mettre le contact.

Comme dans le reste de la Russie, les "protégés" de Galina ont du mal à joindre les deux bouts. La retraite moyenne à Saint-Pétersbourg est de 12.300 roubles soit environ 175 euros alors que le minimum vital, établi officiellement, y est d'environ 7.000 roubles (100 euros).

"Les retraités doivent en plus payer leurs factures (40-50 euros environ) et surtout des médicaments qui sont chers", explique Galina, "donc mon aide tombe toujours bien".

Parmi ses donateurs, on compte des petits restaurants, un magasin d'alimentation, des boulangeries ainsi que des amis et des connaissances. Gâteaux, pain, saucisson, fromage, couches pour enfants, vêtements ou vaisselle... : leurs dons remplissent le véhicule de Galina.

Pour les convaincre, elle explique aider les retraités et les handicapés. "Après, ça marche ou ça ne marche pas. Il faut parfois mettre mon charme en action", raconte à l'AFP l'octogénaire, une dame de petite taille soigneusement coiffée, habillée en pantalon et en veste de cuir noir.

- "Des protégés partout" -

En lui donnant des pommes, Elena Varakouchina, une amie, confirme: c'est bien grâce à son "caractère et à son charme" que l'énergique retraitée parvient à convaincre ses donateurs.

Au volant depuis 1961, Galina a travaillé jadis comme chauffeur de trolleybus. Elle avoue être arrêtée parfois par la police de la route.

"Ils sont gentils, c'est juste par curiosité. Car c'est rare de voir une femme âgée au volant en Russie !"

Ces derniers mois, la question des retraites s'est retrouvée au cœur de l'actualité russe après l'annonce d'une réforme promulguée début octobre par Vladimir Poutine. La mesure relèvera progressivement l'âge de départ à la retraite de cinq ans, à 65 ans pour les hommes et à 60 ans pour les femmes, une première depuis 1932.

Dans un pays où de très nombreux retraités doivent continuer à travailler pour survivre, faute de pensions suffisantes, cette mesure a provoqué un vif mécontentement et poussé des milliers de personnes à manifester.

Lors d'élections régionales en septembre, cette gronde sociale a aussi joué un rôle dans plusieurs revers électoraux inattendus pour le parti au pouvoir.

"La plupart de mes protégés sont des retraités, il y a aussi des handicapés et quelques familles nombreuses. Où est-ce que je les trouve ? Partout. Parfois dans la rue, mais la plupart du temps via des amis ou des connaissances", affirme Galina.

A 94 ans, Nina Savelieva, une ancienne ingénieur, reconnaît que cette aide lui est essentielle alors qu'elle l'accueille lors de sa tournée: "A notre époque, je ne comprends pas comment on peut être désintéressé à ce point".

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