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"Des péniches sont amarrées jour et nuit moteur allumé, est-ce normal ?", questionnait Jonathan via le bouton orange Alertez-nous. Cet habitant de Tournai subit des nuisances dues aux nombreux bateaux qui font leur arrêt devant chez lui, au niveau du Quai du Luchet d'Antoing. Que font ces bateaux sur l'Escaut et quel est la consommation de ces véhicule dont le bruit des générateurs incommodent Jonathan ?
Pourquoi ces bateaux laissent leurs moteurs tourner ?
Selon Pascal Roland, batelier et président de l'association de la batellerie belge "Notre Droit", il faut déjà commencer par faire la différence entre péniches et bateaux de navigation intérieure : "Des péniches, c'est très vieux, ça n'existe pour ainsi dire, plus. C'était principalement des bateaux en bois. Ici, c'est du transport fluvial. Et le transport fluvial, c'est quelque chose de très moderne. Donc le terme "péniche", on ne l'utilise plus dans le secteur". Ces bateaux de navigation intérieure sont surtout utilisés pour le transport de marchandises.
Selon l'Institut pour le Transport par Batellerie (ITB), ces marchandises correspondent principalement à des "cargaisons sèches" : des céréales, des denrées alimentaires, de l'engrais, des produits agricoles, ou encore du charbon. Lors de ces transports, les bateliers ont des temps d'arrêt minimum imposés, comme pour les conducteurs de camion.
Lorsqu'ils sont stationnés, bien souvent, les bateaux ont encore besoin de faire fonctionner leurs générateurs. "Les moteurs qui tournent 24 heures sur 24, ce sont des groupes électrogènes qui fournissent de l'électricité à bord du bateau pour le chauffage, pour la vie quotidienne, pour tout ce qui fonctionne à bord en 220 et en 380 volts", explique Pascal Roland. "Parfois, c'est aussi pour protéger les cargaisons réfrigérées."
Une situation très commune pour les bateliers, dont les bateaux dérangent souvent les riverains. "On entend ça régulièrement, mais bon il faut se mettre en tête que le transport fluvial est quelque chose de très efficace et qui est appelé à se développer davantage étant donné que les routes sont saturées", selon le président de l'association "Notre Droit".
Le bateau, une alternative aux camions ?
Ces bateaux de navigation intérieure sont méconnus, et pourtant souvent croisés sur les voies navigables en Belgique. La flotte belge représente environ 1.200 bateaux, selon les chiffres du SPF Mobilité et Transports, soit une capacité de 1 million 500.000 tonnes de cargaison sèche. Ces bateaux, selon Pascal Roland, sont souvent confondus avec les paquebots de transport maritime. "Il ne faut pas non plus tomber dans le panneau des grands paquebots qu'on a sur la mer : on dit toujours que le transport maritime pollue, et on inclut là-dedans la batellerie, mais ce n'est pas le cas du tout, parce que nous on a des moteurs qui sont comme dans les camions. Pour les camions, les moteurs sont aux normes Euro 6, et pour les bateaux on est au stade 5."
Ces normes européennes limitent les émissions de gaz à effets de serre pour les moteurs Diesel. Ici, les bateaux de navigation intérieure naviguent au carburant Diesel, aux normes EN 590, qui acceptent un maximum de 7 % de bio-composants. "Autrement dit, pour transporter une tonne sur 500 km, il faut cinq litres de carburant. Le bateau consomme cinq fois moins qu'un camion", explique Pascal Roland.
"Ce n'est pas une solution à tout"
La circulation de ces bateaux dépend des modes de consommation du pays. "Tant qu'on consommera et qu'on continuera en tant que citoyens à consommer de la marchandise, il faudra la livrer, et utiliser les moyens de transport, dont les bateaux", affirme Pascal Roland. Selon le batelier, la navigation par les eaux intérieures peut être une réponse aux modes de transports sur roues. "Ce n'est pas une solution à tout, mais c'est une alternative à beaucoup de problèmes qu'on vit à terre."



















