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Les employés d'un Delhaize franchisé apprennent par SMS qu'ils risquent de perdre leur emploi: "Ce n'est pas légal"

Les employés du magasin AD Delhaize de Seraing ont reçu une mauvaise nouvelle. Ils ont appris par sms dimanche soir que leur magasin franchisé était déclaré en faillite. Ils ont peur de ne pas être payés pour décembre et de ne pas recevoir leur prime de fin d’année.

Dimanche soir, certains employés du magasin AD Delhaize de Seraing ont été prévenus par sms qu’ils devaient trouver un nouveau job. "Nous sommes tristes de vous faire part du dépôt de bilan pour ce lundi. Après cette démarche, il ne sera plus possible de rentrer dans le magasin. Nous vous souhaitons bonne chance et du courage pour la recherche d’un nouvel emploi", écrivent les deux gérants dans ce message aux lourdes conséquences.

"En se renseignant, on s’est rendu compte qu’il fallait bien qu’on se présente parce que ce n’est pas légal par sms et si on ne s’était pas présenté on aurait pu être viré pour faute grave", explique Lionel Mandiau, magasinier.

"Ils n’ont pas été honnêtes"

Les employés ont dès lors décidé de s’organiser, de former un piquet devant l’entrée et de patienter jusqu’à l’arrivée du curateur. Il s'agit de Me Ransy, désigné par le tribunal de l'entreprise de Liège. Les travailleurs ont une vidéo pour lui. Sur ces images, on identifie les gérants en train de vider une partie des machines de l’entreprise. C’était dimanche vers 18h, quelques minutes avant l’envoi du sms.

"Ils n’ont pas été honnêtes. Depuis le début, tout le monde sent qu’il y avait quelque chose qui se tramait. Toujours avec leur beau sourire, en disant tout va bien", assure Gaëlle Marteau, intérimaire.

"Moi j’ai des prêts, j’ai des enfants. Je les nourris comment ? Et je fais comment pour leur offrir un cadeau pour les fêtes de fin d’année ? On a une employée qui va se marier. Elle va payer comment son mariage ?", demande Lionel Mandiau, avec un ton à la fois agacé et dépité.

Certains riverains sont venus par solidarité pour soutenir le mouvement. La quinzaine d’employés inquiets resteront devant le magasin jusqu’à recevoir officiellement leur formulaire de licenciement.

"Digne de Germinal"

Les autorités politiques ainsi que le SETCa dénoncent également cette attitude. Pour le bourgmestre de Seraing, Francis Bekaert, ce type de pratique est "digne de Germinal" et le syndicat socialiste stigmatise lui "une méthode particulièrement violente et peu courageuse de la part de patrons qui n'assument pas leurs responsabilités".

Les deux gérants avaient repris cette enseigne franchisée il y a trois ans après une précédente faillite. Des indices de mauvaise santé financière avaient été décelés par le personnel. Les salaires tardaient à être payés et les fournisseurs attendaient également leurs dus. Les travailleurs estiment d'ailleurs que cette situation incombe uniquement aux gérants incapables de gérer leur stock et plus particulièrement l'approvisionnement des produits frais. 

Des discussions avec Delhaize 

Selon le personnel, le magasin serait rentable et le SETCa n'écarte pas l'hypothèse d'une reprise de la gestion du magasin par le personnel "mais tout dépendra de l'analyse faite par le curateur et plus particulièrement au niveau financier". Le syndicat compte par ailleurs entamer des discussions avec Delhaize. "Il est trop facile de se retrancher derrière la franchise pour se dédouaner de ce qui se passe dans des magasins qui affichent clairement son enseigne et qui ne vendent que des produits fournis par Delhaize", annonce le SETCa.

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