En 2010, l'Europe était dépendante du gaz russe à 25%. Aujourd’hui, elle l'est à 35%. Pour Adel El Gammal, professeur spécialiste de la géopolitique de l'énergie à l'ULB, qui était invité sur le plateau de "C'est pas tous les jours dimanche", l'Europe "est très dépendante du gaz russe". Il avance même qu'à l'avenir, il y aura "des tensions au niveau de l'énergie": "Au niveau mondial, on va probablement être dans une situation où on ne va plus pouvoir satisfaire la demande énergétique".
Dépendance de l'Europe sur le gaz russe
Pour le spécialiste, "on s’installe de façon durable voire définitive dans une ère des prix de l’énergie élevés". Une conséquence directe de l'invasion russe en Ukraine et des relations diplomatiques entre l'Occident et la Russie qui se dégradent. "Les tensions liées à cette guerre son prêtes pour durer quelques années", estime Adel El Gammal.
Il est évident que ce qui se passe aujourd’hui va bouleverser les relations économiques entre l’Occident et la Russie
La dépendance de l'Europe sur le gaz russe s'explique par des facteurs structurels, avance-t-il : "Avec 20 ans de retard, on commence à s’engager dans une transition énergétique ce qui a comme conséquence le sous-investissement structurel dans les infrastructures pétrolières et gazières dans le monde (extraction, traitement, transformation et transport). S'ajoute à ça le fait que l’on n’a pas accompagné ça d’une montée en puissance suffisamment rapide des énergies renouvelables", analyse-t-il.
Les prix du pétrole vont s'envoler, selon un spécialiste
Et le pétrole? Rappelons-le, la Russie est la deuxième puissance pétrolière du monde. 26% du pétrole en Europe vient d'ailleurs de Russie. Va-t-il augmenter lui aussi? "Les prix vont être tirés à la hausse. A mon sens on ne va pas revenir à des prix bons marchés", estime le professeur. "Ce qu'on vit a structurellement changé notre modèle économique", ajoute Bruno Colmant, professeur d'économie à l'UCLouvain et l'ICHEC.
"Il est évident que ce qui se passe aujourd’hui va bouleverser les relations économiques entre l’Occident et la Russie, et ce, sur la longue durée", confirme Gerard Seghers, conseiller économique et commercial pour les régions de Bruxelles-Capitale et wallonne à l’ambassade de Belgique à Moscou. "Il va y avoir un impact immédiat qui sera assez brutal mais on peut s’attendre à une véritable révolution dans la manière dont on fait les affaires en Russie. Il y a d'ailleurs une forte inquiétude dans le monde des affaires belges pour ceux qui font des affaires ici, en Russie", conclut-il.