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La fin d’un mythe mondial aura lieu… en Belgique : connaissez-vous l’histoire du « bateau de la mort » ?

Par RTL info avec Luc Gilson
Presque soixante-dix ans après avoir éperonné l’Andrea Doria, le paquebot suédois Stockholm vit ses dernières heures. Le plus vieux navire de croisière au monde est aujourd’hui démantelé à Gand.

Le 25 juillet 1956, au large des côtes américaines, l’Andrea Doria, élégant paquebot italien en route vers New York, croise la trajectoire du Stockholm, parti quelques heures plus tôt dans l’autre sens. « C’est une catastrophe typique de la mauvaise prise de décision », raconte Philippe Delaunoy, spécialiste de l’histoire des transatlantiques. Dans la brume épaisse, les radars détectent pourtant les deux navires, mais leurs capitaines interprètent mal les trajectoires : chacun vire du mauvais côté. Quelques minutes plus tard, la proue tranchante du Stockholm déchire le flanc de l’Andrea Doria.

Un bilan humain bien moindre que celui du Titanic

Le paquebot italien se couche, ce qui rend inutilisables une partie des chaloupes. « Les réservoirs vides, transpercés, ont précipité son chavirage », précise Philippe Delaunoy. Avec 1 700 personnes à bord, le bilan humain s’élève « seulement » à une cinquantaine de victimes, ce qui reste bien moindre que celui du Titanic. Les secours, alertés par radio, arrivent rapidement : « C’est l’une des conséquences directes du drame du Titanic : la veille radio obligatoire instaurée après 1912 a permis de sauver des centaines de vies », souligne l’expert. Parmi les sauveteurs figure le paquebot français Île-de-France, dont les chaloupes récupèrent les naufragés.

Le survivant aux douze vies

Alors que l’Andrea Doria coule, le Stockholm reste à flot, la partie avant de sa coque dévastée. Le navire construit en 1948, que certains ont surnommé « le bateau de la mort », poursuivra pourtant sa route pendant plus de six décennies. « Il changera d’armateur à de nombreuses reprises, jusqu’à porter douze noms différents », explique Philippe Delaunoy. Ironie de l’histoire : il naviguera même sous pavillon italien, rebaptisé Italia. Devenu Astoria, il était le plus vieux navire de croisière encore en activité jusqu’à sa mise à la retraite durant la pandémie de COVID-19. L’armateur, frappé par la crise, fait faillite, laissant le bateau immobile dans le port de Rotterdam, endommagé par une tempête.

Une fin belge, à Gand

C’est là qu’intervient la Belgique. À Gand, une entreprise est spécialisée dans le démantèlement de navires selon les normes environnementales les plus strictes, explique Philippe Delaunoy. Trop abîmé pour rejoindre les chantiers d’Asie, l’Astoria y a trouvé son dernier port d’attache. Contrairement aux démantèlements spectaculaires sur les plages indiennes d’Alang, celui-ci se déroule de manière contrôlée, « avec recyclage des métaux et démontage pièce par pièce sur une année ».

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