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Le Canadien Kevin Lambert remporte le prix Médicis

Le prix Médicis a été remis jeudi au Canadien Kevin Lambert pour "Que notre joie demeure", consacrant une fois de plus cette étoile montante de la littérature québécoise.

Avec cette histoire de la chute d'une architecte soudainement accusée de chasser les pauvres de Montréal, cet auteur de 31 ans avait déjà remporté fin octobre le prix Décembre, autre récompense littéraire prestigieuse de l'automne.

Le roman a été publié en août par les éditions du Nouvel Attila, un an après son édition canadienne chez Héliotrope.

Il a remporté le Médicis au deuxième tour avec six voix contre quatre à la Marocaine Salma El Moumni, avec "Adieu Tanger" (Grasset).

"Que notre joie demeure" a fait presque l'unanimité auprès de la critique littéraire à Paris, pour la justesse de sa critique sociale et l'audace de son style.

Mais il a aussi attiré l'attention quand son éditeur français a révélé en septembre que Kevin Lambert avait eu recours aux services d'une relectrice canado-haïtienne pour vérifier, entre autres, qu'un personnage haïtien était crédible.

Interrogé jeudi par l'AFP sur la polémique qui avait suivi en France, alors qu'en Amérique du Nord la pratique est devenue banale, l'auteur a répondu qu'il y voyait "des malentendus".

"Beaucoup de gens ont parlé sans savoir quelle était la démarche, en pensant qu'il y avait une perspective morale, alors que j'ai bien expliqué pourquoi j'ai travaillé comme ça. C'était un geste d'humilité, en fait", a-t-il expliqué.

"Je pense que cela montre que les lecteurs, les lectrices, s'intéressent au résultat, et que tous ces processus-là appartiennent à l'atelier, à la cuisine des écrivains et des écrivaines", a-t-il ajouté.

Éric Reinhardt, vu comme favori du prix Goncourt avant d'être battu au 14e tour mardi, était également finaliste de ce prix Médicis.

Deux autrices ont remporté ex aequo le prix Médicis du roman étranger. La Portugaise Lidia Jorge pour "Misericordia" (Métailié) et la Sud-Coréenne Han Kang pour "Impossibles adieux" (Grasset) ont obtenu quatre voix au septième tour toutes deux.

En proclamant le prix, la présidente du jury Anne Garréta a indiqué que si elle avait théoriquement le pouvoir de départager ces deux titres, avec sa voix qui comptait double, elle a préféré couronner les deux.

Le prix de l'essai est allé à Laure Murat pour "Proust, roman familial" (éditions Robert Laffont), qui a réuni une majorité absolue au premier tour, a annoncé le jury depuis le restaurant parisien La Méditerranée.

Dans ce récit, cette enseignante à l'université de Californie à Los Angeles (UCLA) réfléchit à ce que la lecture de Marcel Proust lui a apporté, à elle issue d'un milieu qu'elle a rejeté et qui l'a rejetée, l'aristocratie.

"Proust m'a appris à appréhender le réel", a dit l'autrice à l'AFP.

"Je ne prétends en aucune façon être une transfuge de classe à l'envers. En revanche, je crois qu'on peut interroger les origines sociales avec la perspective d'une littérature qui émancipe. Et, moi, j'ai trouvé dans la littérature, et dans Proust en particulier, un vecteur d'émancipation, de décillement sur tout ce que raconte l'élite", a-t-elle poursuivi.

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