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Mort de Léon Gautier, dernier héros français du Débarquement en Normandie

Léon Gautier, dernier survivant des 177 Français à avoir participé au Débarquement du 6 juin 1944 en Normandie, s'est éteint lundi à Caen à l'âge de 100 ans, a annoncé le Mémorial de Caen.

Léon Gautier était le dernier membre du commando Kieffer, un bataillon de 177 fusiliers marins qui avait débarqué sur les côtes normandes. Il est décédé lundi matin dans un établissement hospitalier de Caen, a précisé à l'AFP le maire de Ouistreham (Calvados) Romain Bail, comme l'avait révélé Ouest France.

"Héros de la Libération" pour Emmanuel Macron, "le coeur lourd" pour Elisabeth Borne, "grande émotion" pour le maire de Caen Joël Bruneau, les hommages ont afflué toute la journée pour honorer la mémoire du dernier héros français du Débarquement.

Né en 1922 à Rennes, il avait rallié Londres et le général de Gaulle en 1940 un mois après l'armistice, à seulement 17 ans.

"Ça l'avait beaucoup marqué, Léon, d'être passé en revue par l'immense Général de Gaulle à Londres le 14 juillet", a déclaré à l'AFP son ami Franck Leconte, directeur des anciens combattants du Calvados lors de leur rencontre il y a 25 ans.

M. Leconte avait rendu visite au vétéran dimanche, "sans savoir que ce serait la dernière à ce grand bonhomme qui a toujours conservé son sens de l'humour très britannique".

Léon Gautier ne courait pas après les honneurs: "en 2014 il avait été invité au déjeuner de la cérémonie officielle avec les chefs d'Etats", se souvient M. Leconte qui participait à l'organisation, "mais il mettait un point d'honneur à passer chaque 6 juin avec son épouse Dorothy, rencontrée en Angleterre pendant le conflit".

Celle-ci n'étant pas invitée, il a décliné pour "faire un barbecue avec sa femme".

"Baigné dans les récits familiaux de la première guerre, il n'a pas hésité à prendre les armes pour +foutre l'occupant dehors+ selon ses propres mots, mais en respectant les codes la guerre", a-t-il ajouté.

- Hommage national -

Cameroun, Congo, Syrie, Liban, Léon Gautier s'est battu sur tous les terrains avant l'Europe et le débarquement.

"C'était le dernier des Mohicans", replace Christophe Prime, historien et responsable des collections au Mémorial de Caen.

"Nous prenons conscience d'une nouvelle phase, où il n'y a plus de témoins directs de ce qui s'est passé" analyse-t-il.

Selon l'historien, "ce pionnier des forces spéciales françaises, revenu vivre là où il avait débarqué, était aussi un symbole pour les commandos actuels" à qui il remettait le béret vert chaque année.

Après la guerre, il était retourné en Angleterre avec son épouse.

Chef d'atelier, il travaille ensuite en Afrique avant un accident qui le ramène au pays, plâtré du cou aux pieds.

Il n'a eu de cesse de s'engager "pour la paix" depuis la fin du conflit.

"La plus mauvaise chose qu'on puisse voir, c'est une guerre. On tue des gens en face qui n'ont jamais rien fait, qui ont une famille, des enfants. Tout ça pour arriver à quoi?", avait déclaré le Grand Officier de la Légion d'Honneur, lors d'une cérémonie pour ses 100 ans le 27 octobre 2022.

"+Nous ne sommes pas des héros, nous n’avons fait que notre devoir+, répétait-il (...) Léon Gautier nous a quittés. Nous ne l’oublierons pas", a réagi Emmanuel Macron dans un tweet.

Père de deux enfants, il vivait à Ouistreham depuis les années 1990.

"Ouistreham est très triste aujourd'hui (lundi), nous sommes orphelins de ce père, ce grand-père, un héros local connu de tous" qui a transmis "des valeurs de liberté dont il a été un ardent défenseur", a déclaré de son côté M. Bail.

Un hommage national devrait lui être rendu en Normandie, selon le maire de Ouistreham.

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