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"Mais comment sommes-nous tous devenus aussi CONS et allons-nous le rester?": Nicolas Vadot s'attaque à la bêtise par le dessin

Olivier Schoonejans recevait le dessinateur de presse Nicolas Vadot dans le RTL INFO Avec Vous. Le dessinateur de presse (Le Vif L’express, l’Echo) franco-britannique publie un recueil de dessins, tous inédits. Intitulé "Mais comment sommes-nous tous devenus aussi CONS et allons-nous le rester?", l'ouvrage dépeint la "connerie moderne" à travers huit chapitres : les réseaux sociaux, les démagogues, les rapports hommes/femmes, la religion, la santé, l'environnement, l'appât du gain, le Brexit.

Vous vous attaquez à plusieurs thèmes, dont les réseaux sociaux. Qu'est-ce qui ne vous plait pas dans les réseaux sociaux ?


Je pense que les réseaux sociaux sont un facteur de crétinisation généralisée et c'est quand même un grand paradoxe parce qu'au moment où l'information est accessible de plus en plus à tous, ça ne fait que développer la bêtise chez chacun. Donc, c'est pour ça que les réseaux sociaux ne sont pas quelque chose qui pour moi sont bénéfiques à l'humanité, sauf à Donald Trump peut-être, mais j'ai préféré m'en passer.

Ça ne permet pas de communiquer un peu mieux ?

Au départ cela permettait de communiquer un peu mieux. Mais si vous prenez la crise des gilets jaunes, ce que je trouvais de plus intéressant, c'était que les gens se rencontraient sur les ronds-points, et commençaient à se voir en vrai et non plus de manière virtuelle comme c'est le cas avec les réseaux sociaux. Donc, je pense qu'il faut retisser du lien social et avoir un retour à l'intime. Sur les réseaux sociaux, on balance tout ce qu'on a, et pas forcément le meilleur.

Vous dites "je me souviens du bon vieux temps où quand une connerie me passait par la tête, je la gardais pour moi, maintenant elle est devenue publique". Vous avez quitté Facebook d'ailleurs ?

J'a quitté Facebook, je vais très peu sur Instagram et je n'ai jamais été sur Twitter. Et, en effet, quand j'ai des idées qui me passent par la tête, il y en a 9 qui feraient mieux de rester dans ma tête et la 10e va devenir un dessin. Il va falloir 2, 3 heures pour que ça devienne quelque chose, donc le filtrage est quand même plus important. Je pense que si je mettais tout ce qui me passe par la tête, je deviendrais comme ceux que je critique sur les réseaux sociaux.

Il y a aussi un chapitre qui s'appelle homo demagogicus, avec Donald Trump, dans lequel vous dites "Trump, c'est le pervers et l'enfant roi qui sommeille en chacun de nous". Est-ce qu'on peut discuter sereinement avec Donald Trump ? Est-ce qu'on peut discuter sereinement avec des gilets jaunes ?

Discuter sereinement avec des gilets jaunes, c'est difficile. Donald Trump, je pense que c'est beaucoup plus un symptôme d'une époque. Je trouve ça très étonnant que les films qui ont eu beaucoup de succès cette année, des films comme "Ça" ou "Le Joker" sont des films qui montrent des clowns terrifiants. Que ce soit Boris Johnson ou que ce soit Donald Trump, on s'aperçoit qu'on est à une époque où les bouffons sont venus au pouvoir. Et le grand paradoxe, c'est qu'en Ukraine, on a un bouffon qui est venu au pouvoir et c'est avec ce bouffon là qu'on risque de voir Donald Trump trébucher, ce qui est quand même un paradoxe assez jouissif de ce point de vue-là.

C'est un livre dans lequel vous exprimez par l'humour de la profondeur. C'est quand même assez noir finalement. Qu'est-ce que vous pensez de notre époque ?

Vous avez vu que j'ai mis "Allons-nous le rester" avec un point d'interrogation. Je ne sais pas si on va rester tous cons mais je pense qu'il va y avoir un retour à l'intime. C'est à dire garder son jardin secret. On n'est pas obligé de tout mettre sur les réseaux sociaux. Par rapport à la santé aussi. Ce qui est terrible c'est qu'on a l'impression que tout est clivé. C’est-à-dire "on est vegan" ou "on est contre". La malbouffe, c'est pareil.

Le "burnout" c'est un terme qui n'apparaissait pas dans le langage commun avant les réseaux sociaux. On parlait de grande fatigue mais le burn out c'est arrivé comme ça. Donc, c'est une époque qui est inquiétante mais aussi passionnante. C'est comme si on avait la révolution industrielle et la révolution de l'imprimerie en même temps. Au lieu d'être étalé sur 50 ans, c'est étalé sur 10 ans. Donc, c'est un changement de paradigme total.

Votre personnage de Madame Ronchard, c'est elle le mixe entre les gilets jaunes et Donald Trump ?

Madame Ronchard, je l'ai inventée en 1997 au moment de l'affaire Dutroux. Au moment des marches blanches, parce que j'avais besoin d'un personnage qui pouvait stigmatiser les jugements à l'emporte-pièce de l'homme de la rue. Les jugements à l'emporte-pièce, j'en ai moi aussi sauf que contrairement à Madame Ronchard, je réfléchis, je me dis "ça je ferais mieux de dire autre chose". Elle ne réfléchit pas et pense que le monde est un complot. C'est une histoire que j'ai écrite il y a dix ans et je me suis aperçu qu'elle était tout à fait au goût du jour…

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