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Crise du vignoble bordelais : lancement du plan d'arrachage face à des viticulteurs en "détresse"

Le ministre de l’Agriculture Marc Fesneau et les représentants des vins de Bordeaux ont signé lundi le déblocage d'une aide à l'arrachage d'une partie du vignoble, en proie à une grave crise de surproduction, à l'issue d'une réunion avec des viticulteurs en "détresse".

Cette enveloppe de 57 millions d'euros, cofinancée par l'État et le Comité interprofessionnel du vin de Bordeaux (CIVB), doit permettre l'arrachage "sanitaire" d'environ 9.500 hectares de vignes, avec une prime de 6.000 euros par hectare, afin de lutter à titre préventif contre la flavescence dorée, une maladie qui menace les vignes laissées à l'abandon.

L'Etat a mobilisé 38 millions d'euros, et le CIVB débloqué 19 millions, dont 14 millions tirés d'un emprunt, pour financer ce plan qui permet indirectement de réduire les volumes de production.

Le Conseil régional de Nouvelle-Aquitaine ajoute 10 millions d'euros pour aider "au moins 300 viticulteurs" à diversifier leur productions.

Ce plan, "même s'il est insuffisant à plusieurs égards", doit être mis en place "le plus vite possible" car "les derniers chiffres sur la consommation en France montrent que les choses s'aggravent", a alerté le vice-président du CIVB Bernard Farges lors d'une réunion à Salleboeuf (Gironde) avec le ministre et une trentaine de représentants de viticulteurs témoignant "de cris de détresse" localement.

Dans le premier vignoble AOC de France, avec 110.000 hectares de vignes cultivés, les appellations les moins prestigieuses souffrent d'un effondrement des prix et d'une surproduction évaluée à un million d'hectolitres. En janvier, plus d'un vigneron girondin sur trois se déclarait en difficulté auprès de la Chambre d'agriculture.

Pour Didier Cousiney, du collectif Viti 33 qui réclame l'arrachage d'au moins 15.000 hectares, avec une prime de 10.000 euros par hectare, "on n'est pas en crise, on est en guerre. Il faut prendre des décisions urgentes car dans quelques temps le paysage girondin va être défiguré, dénaturé".

Ces aides ne représentent pas "un solde de tout compte", a répondu Marc Fesneau, ouvrant la voie à des prêts bonifiés pour "être offensif collectivement" à l'export. Il a également promis "au niveau européen" un prochain dispositif de distillation des excédents, afin de réduire les volumes "pour faire face à cette crise qui est une crise de consommation".

Une dizaine de militants antipesticides, munis de casseroles, ont attendu sans succès le ministre à sa sortie de la réunion.

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