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Le Pakistan, qui accueille depuis mardi une délégation du Fonds monétaire international en espérant son secours, a été affecté en janvier par la pire inflation depuis 48 ans, sur fond de crise économique et de chute de la roupie, la monnaie nationale.
En janvier, la hausse des prix a atteint 27,55% sur un an, selon le bureau des statistiques, un sommet inégalé depuis mai 1975, à l'époque du premier choc pétrolier, tandis que la crise monétaire a causé la paralysie de milliers de conteneurs de produits importés dans le port de Karachi.
L'économie pakistanaise est au bord de l'asphyxie, la roupie ne cessant de se déprécier et l'inflation de s'envoler, sur fond de pénuries d'énergie qui s'étendent à d'autres produits.
Une délégation du FMI est arrivée mardi à Islamabad pour négocier le versement d'une nouvelle tranche d'aide financière, dans le cadre d'un programme suspendu depuis des mois.
La banque d'État du cinquième pays le plus peuplé au monde a moins de 3,7 milliards de dollars de réserves, à peine assez pour couvrir trois semaines d'importations.
Ces derniers jours, avec la perspective d’une faillite nationale et l'absence de pays amis prêts à offrir des renflouements moins douloureux, le gouvernement d'Islamabad a commencé à céder à la pression.
Le gouvernement a assoupli les contrôles sur la roupie, en réaction au developpement d'un marché noir rampant en dollars américains, ce qui a fait chuter la roupie à un niveau record.
Les prix de l'essence, artificiellement bas, ont également été relevés. La banque d'État n'émet plus de lettres de crédit, sauf pour les denrées alimentaires et les médicaments essentiels, provoquant dans le port de Karachi la paralysie de milliers de conteneurs bourrés de marchandises dont le pays n'a plus les moyens.
L’industrie est sous le choc du blocage de fait des importations et de la chute massive roupie. Les projets de construction publique ont cessé, les usines textiles ont partiellement fermé leurs portes et les investissements nationaux ont ralenti.
Lundi, dans le centre-ville de Karachi, des dizaines de journaliers, y compris des menuisiers et des peintres, ont montré , les outils à la main, leur espoir d'un travail qui ne vient jamais.
"Le nombre de mendiants a augmenté et le nombre de travailleurs a diminué", a déclaré le maçon de 55 ans Zafar Iqbal, qui mangeait des biryani dans un sac en plastique donné par un passant.
L'ancien premier ministre Imran Khan, évincé l’an dernier par une motion de censure, avait négocié un ensemble de prêts de plusieurs milliards de dollars du FMI en 2019.
Mais il a renié les promesses de réduire les subventions et les interventions sur le marché qui avaient amorti la crise du coût de la vie, ce qui a retardé le programme lié au soutien du FMI.
Ce phénomène est courant au Pakistan, où la plupart des gens vivent dans la pauvreté rurale, avec plus de deux douzaines d’accords négociés par le FMI, puis rompus au cours des décennies.