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La Bourse de New York évoluait en net repli après l'ouverture vendredi réagissant négativement à une inflation américaine qui est repartie à la hausse en janvier.
Alors que les rendements obligataires grimpaient fortement, l'indice Dow Jones perdait 1,16%, l'indice S&P 500 lâchait 1,34% et le Nasdaq, à dominante technologique, plongeait de 1,75%, vers 15H00 GMT.
L'inflation aux Etats-Unis, mesurée par l'indice PCE privilégié par la banque centrale américaine (Fed), est ressortie à 5,4% sur un an en janvier contre 5,3% le mois d'avant.
Sur un mois, elle a accéléré à 0,6% contre 0,2% en décembre, alors que les analystes s'attendaient à +0,4%. Même sans l'alimentation et l'énergie, l'inflation sous-jacente est sur la pente ascendante (+0,6%).
"Cette surprenante forte augmentation (...) constitue un signe supplémentaire que la Fed va devoir conserver plus longtemps une politique monétaire plus stricte", a commenté Paul Ashworth, économiste de Capital Economics.
La veille, après quatre séances de baisse, Wall Street avait tenté un modeste rebond profitant d'une accalmie sur les taux et de bons résultats dans la technologie.
Le Dow Jones avait progressé de 0,33% à 33.153,91 points, le Nasdaq avait gagné 0,72% à 11.590,40 points et le S&P 500 avait pris 0,53%, à 4.012,32 points.
Mais jeudi, pesant sur les actions, les rendements obligataires se tendaient fortement. Ceux sur les bons du Trésor à dix ans repartaient à 3,95% contre 3,87% la veille et ceux à deux ans, encore plus sensibles à l'évolution des taux de la Fed, prenaient 10 points de pourcentage à 4,80%, à un sommet depuis 2007.
Le dollar, profitant de cette perspective de taux plus hauts plus longtemps, gonflait de plus d'un demi-point de pourcentage par rapport aux principales monnaies.
"Ce qu'il faut retenir, c'est qu'il n'y a pas de désinflation", jugeait Patrick O'Hare de Briefing.com, rappelant ainsi implicitement les propos optimistes du patron de la Fed Jerome Powell à l'issue de la dernière réunion monétaire évoquant une "désinflation".
Il y a au contraire "une inflation qui reste collante" et qui va "conduire la Fed à maintenir des taux élevés plus longtemps que le marché ne le pensait", a aussi ajouté M. O'Hare.
D'autres facteurs pesaient sur Wall Street, qui à ce rythme se préparait pour conclure sa pire semaine depuis début décembre pour le Nasdaq et le S&P 500.
Boeing, un des poids lourds du Dow Jones, reculait de 3,93%. Le constructeur aéronautique a de nouveau suspendu la livraison de ses appareils long-courriers 787, déjà interrompue plusieurs mois en 2021 et 2022 pour des malfaçons, afin d'analyser de plus près un élément du fuselage.
L'humeur des investisseurs était aussi assombrie par les tensions géopolitiques avec la guerre en Ukraine entrant dans sa deuxième année et l'envoi prévu vers Taiwan --rapporté dans la presse--, de nouvelles troupes américaines pour aider à l'entraînement militaire.
La baisse des cours touchait tous les secteurs. Les mégacapitalisations du Nasdaq perdaient autour de 2%, d'Amazon à Apple en passant par Meta et Microsoft. Tesla lâchait 3,83%.
L'action Nvidia qui avait porté le marché la veille, s'envolant de 14% après des projections optimistes liées au développement de l'intelligence artificielle, rendait 2,59%.
Les investisseurs se précipitaient sur Beyond Meat (+27%) alors que le spécialiste du steak de substitut de viande a annoncé une perte trimestrielle plus faible que prévu et de meilleures ventes, bien qu'en repli.
Le vendeur de voitures en ligne en difficulté Carvana chutait de plus de 17% après une augmentation de ses pertes en 2022 à 1,6 milliard.
Point positif à l'horizon, les consommateurs affichaient un meilleur moral en février, selon l'indice de confiance de l'Université du Michigan.