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Des heurts ont opposé jeudi en Grèce les forces antiémeutes et un groupe de manifestants en marge des rassemblements de dizaines de milliers de personnes, qui ont à nouveau crié leur colère après la catastrophe ferroviaire qui a fait 57 morts fin février.
C'est la seconde manifestation de grande ampleur à Athènes et dans d'autres villes du pays depuis la collision frontale entre deux trains le 28 février au soir.
Plus de 40.000 personnes sont descendues dans les rues, dont plus de 30.000 dans la capitale, selon les décomptes de la police.
Toute la Grèce est également en grève générale durant 24 heures alors que la colère est toujours vive et vise directement le gouvernement conservateur de Kyriakos Mitsotakis.
Dans le centre d'Athènes, à côté du parlement, un groupe de manifestants a jeté des cocktails Molotov et des policiers ont répliqué en les aspergeant de gaz lacrymogènes et en lançant des grenades assourdissantes, selon des journalistes de l'AFP.
Des bennes à ordures ont été incendiées près de l'université, des vitrines de magasins ont été brisées.
Quelque 14 personnes ont été arrêtées durant les manifestations, dont trois vont être jugés en comparution immédiate d'après la police. Cinq policiers ont également été blessés, précise dans un communiqué la police grecque.
Une partie des manifestants se sont par ailleurs rassemblés devant le siège de Hellenic Train, la compagnie des chemins de fer, comme ils l'avaient déjà fait trois jours après l'accident entre un train de voyageurs reliant Athènes à Thessalonique (nord) et un convoi de marchandises.
"Soit leurs bénéfices, soit nos vies", a inscrit un manifestant sur la façade du bâtiment gardé par un cordon policier.
"Assassins!", ont aussi crié des écoliers tandis qu'une grande banderole proclamait: "Les bénéfices tuent. Avec nos luttes massives, nous allons les renverser".
- "Il faut que les choses changent "
A Thessalonique, deuxième ville du pays dans le nord, des incidents ont également eu lieu en marge d'un défilé de plus de 8.000 personnes, selon l'AFP.
"Il faut que les choses changent dans ce pays", lâche Stravoula Ghatzieleftheriou, une employée dans le secteur privé à Athènes alors que des élections générales sont prévues d'ici juillet.
Après plusieurs manifestations plus limitées dans les jours qui ont suivi l'accident ferroviaire, quelque 65.000 personnes avaient protesté le 8 mars, certains appelant alors le Premier ministre Kyriakos Mitsotakis, au pouvoir depuis 2019, à se retirer.
Les transports en commun à Athènes sont fortement perturbés jeudi. Tous les bateaux reliant le continent aux îles restent à quai pour 24 heures et la plupart des avions restent sur le tarmac.
Le trafic ferroviaire à l'arrêt depuis l'accident, ne devrait reprendre graduellement qu'à partir du 22 mars.
De nombreuses écoles sont également fermées tandis que les étudiants, en première ligne dans cette vague de protestation inédite depuis les années de la crise financière, étaient également nombreux dans les cortèges.
- Ras-le-bol -
Au-delà de la catastrophe ferroviaire qui a bouleversé le pays, les Grecs crient leur ras-le-bol face à la détérioration des services publics dans un pays saigné à blanc par les années de crise et les plans d'austérité imposés par ses créanciers.
Car si l'accident ferroviaire de Tempé, dans le centre du pays, a été imputé à une erreur du chef de gare, il a aussi été provoqué par la vétusté du réseau ferré et les lourds retards pris dans la modernisation, notamment de la signalisation, selon les premiers éléments de l'enquête.
Mis à mal après la catastrophe, le Premier ministre a tenté de répondre à l'indignation d'une population qui a largement perdu confiance dans les institutions depuis la crise financière de 2009-2018.
Il a promis "la transparence totale" dans l'enquête en cours et demandé à plusieurs reprises pardon aux familles des victimes.
Ce mouvement de colère est particulièrement fort chez les jeunes et les étudiants, alors que de nombreuses victimes étaient dans l'enseignement supérieur.
"Les larmes (...) sont devenues de la colère, la nouvelle génération ne vous pardonne pas", lisait-on sur l'une des banderoles dans le centre d'Athènes.
Les manifestants brandissent des pancartes avec les mots "Appelle-moi quand tu arrives", un message d'une mère à son enfant devenu le slogan de cette contestation.
Le quotidien libéral Kathimerini dans son dernier éditorial, évoquait la révolte de la "génération banqueroute et pandémie".