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Condamné, le cardinal Angelo Becciu renonce à participer à l’élection du pape: quelle est cette fraude à 200 millions de dollars?

Le cardinal italien Angelo Becciu, condamné pour fraude financière au Vatican, a annoncé mardi renoncer à participer au conclave à partir du 7 mai pour "obéir à la volonté du pape François", après un début de polémique dans la presse italienne.

"Ayant à coeur le bien de l'Église (...), j'ai décidé d'obéir, comme je l'ai toujours fait, à la volonté du pape François de ne pas entrer au conclave, tout en restant convaincu de mon innocence", a déclaré Mgr Becciu. Le cardinal, âgé de 76 ans, un ancien proche conseiller de François, avait été condamné fin 2023 en première instance à cinq ans et demi de prison au terme d'un vaste procès de deux ans autour d'opérations financières du Saint-Siège. 

Le cardinal Angelo Becciu était l'un des pontes du Vatican, a rappelé Luc Gilson sur le plateau du RTL info 19H. Et notre spécialiste judiciaire, Dominique Demoulin, de revenir sur cette affaire qui empêche aujourd'hui le cardinal sarde. 

Dominique Demoulin: "En fait, il a été mis en cause dans une grave affaire financière. Une affaire à 200 millions de dollars détournée du Saint-Siège par différentes personnes, dont ce cardinal Angelo Becciu, qui était à l'époque le numéro 3 du Vatican, c'est dire son importance. Cet argent aurait été investi dans un immeuble de rapport à Londres, une partie aurait été donnée à la collaboratrice du cardinal, qui l’aurait dépensé en produits de luxe, dit-on. Le pape François a réagi immédiatement : il déchoit le cardinal et l'enquête judiciaire commence. Elle aboutit en 2023 au procès du cardinal Becciu, qui est alors condamné à 5 ans et demi de prison, au terme d'un procès que le Vatican a qualifié de procès historique. Le cardinal nie les faits, il interjette appel et en attendant ce deuxième procès, il aurait pu participer à l'élection du nouveau pape, mais il y a renoncé il y a quelques jours. Il faut dire qu'en 2020, lorsqu'il a été mis en cause, le cardinal avait réclamé 10 millions d'euros au journal italien qui avait donné son nom parce qu'il estimait qu'il avait perdu une chance, la chance de remplacer un jour le pape François." 

LG : "Donc ça veut dire qu'il y a un système judiciaire propre au Vatican ?

DD: "Oui, alors il y a des similitudes avec le nôtre. Comme chez nous, le Vatican a un tribunal de première instance qui traite les affaires courantes. Il y a une cour d'appel qui revoit l'affaire par la suite, il y a une cour de cassation qui traite les questions de droit. Mais ce qui est très, très différent, c'est que toutes ces institutions sont sous la coupole du pape directement. Le pape François a modernisé les institutions, il a réaffirmé l'indépendance, l'impartialité des juges, ne fut-ce que pour se conformer aux normes internationales. Mais ici il y a deux droits qui cohabitent, il y a le droit canon, ce droit canon c'est celui qui régit les affaires de l'église, et puis pour faire simple il y a le droit italien, un droit similaire à peu près au nôtre. Et parfois cette cohabitation est une confrontation. Par exemple dans les affaires de violences sexuelles, l'église est censée dénoncer les agressions sexuelles à l'autorité ecclésiastique, mais pas nécessairement à la justice civile, et le secret de la confession, est toujours absolu." 


 

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