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A l'heure où les Etats-Unis nous tournent le dos, est-il envisageable de créer une armée européenne? Historiquement, certains pays ont toujours investit dans leur armée, d'autres se sont reposés sur les Etats-Unis. Peut-on devenir militairement indépendants des américains?
Depuis la création de l'OTAN en 1949, deux visions s'affrontent au sein de l'Europe. Des pays qui maintiennent leur propre armée et ceux qui s'appuient presque entièrement sur les Américains. Dans ce contexte, cinq pays se distinguent par leur effectif, entre 150 000 et plus de 200 000 hommes : la Pologne, l'Allemagne, la France, l'Italie et le Royaume-Uni.
Ces armées représentent 70 % des forces européennes, estimées à plus d'un million 400 000 soldats. "Dans l'exemple de la France ou du Royaume-Uni, pour parler de puissance européenne, il y a des capacités de transport stratégique, des capacités de frappe dans la profondeur, des capacités de projection également à travers l'existence de groupes aéronavals", note Alain De Neve, chercheur à l'Institut royal de la Défense. "Un état qui se renforce considérablement ces dernières années, c'est notamment la Pologne".
La Pologne, qui est géographiquement en première ligne face à la Russie, s'est alignée sur la France et la Grande-Bretagne pour son budget militaire. Ces deux pays se distinguent des autres car ce sont des puissances nucléaires. D'autres nations hébergent aussi des armes nucléaires, mais elles sont américaines, au sein de l'OTAN, comme la Belgique, les Pays-Bas, l'Allemagne ou l'Italie.
"L'existence même de ces capacités nucléaires, elle protège évidemment l'ensemble des pays européens de velléités plus élevées, plus accrues, de la Russie", note le chercheur. Jusqu'à présent, les opérations de protection de l'Europe se font au sein de l'OTAN. Une coordination efficace sur mer, sur terre ou dans les ailes, mais les armées européennes dépendent des dispositifs américains. "Les Etats-Unis ont toujours refusé qu'il puisse y avoir une sorte de QG européen qui fasse doublon au QG de l'OTAN. Aujourd'hui, dans le contexte que l'on connaît face à la menace russe et face à cette possibilité d'un désengagement américain, il faut passer la vitesse supérieure, sans qu'on parle pour autant d'une armée européenne", estime-t-il.
Avec la nouvelle doctrine du gouvernement Trump, du repli sur soi, les Européens vont devoir combler leurs lacunes pour mieux coordonner leur défense.