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"Il s'incruste dans le conclave": pourquoi Emmanuel Macron est-il accusé de "vouloir choisir le prochain pape"?

Emmanuel Macron cherche-t-il à influencer l’élection du prochain Pape? C’est en tout cas ce qu’affirme une partie de la presse italienne. À l’occasion de sa visite à Rome pour les obsèques du Souverain Pontife, le président de la République a reçu à l’ambassade de France plusieurs cardinaux français, et rencontré le président d’une influente congrégation, très proche du pape François.

EN DEUX MOTS :

  • En Italie, certains médias accusent Emmanuel Macron de manœuvrer pour influencer l’élection du prochain pape, en soutenant des cardinaux français.
  • Un déjeuner à l’ambassade de France avec plusieurs électeurs du conclave et une rencontre avec une figure influente du Vatican nourrissent ces soupçons.
  • Malgré ces spéculations, les papabili français ne semblent pas remplir tous les critères traditionnels pour être élus pape.

"Macron veut même choisir le pape", "Macron s’incruste dans le conclave", "Un interventionnisme digne d’un Roi-Soleil moderne": voilà quelques-uns des titres de la presse italienne consacrés à la campagne qu’Emmanuel Macron serait en train de mener pour faire élire un pape de son choix, et pourquoi pas, un pape français.

Ces articles s’appuient sur deux événements survenus autour des obsèques du pape François, et principalement un déjeuner qui a réuni, le 26 avril à l’ambassade de France, le président et quatre cardinaux électeurs français: Jean-Marc Aveline, archevêque de Marseille, François Bustillo, évêque d’Ajaccio, Christophe Pierre, nonce apostolique aux États-Unis, et Philippe Barbarin, archevêque émérite de Lyon.

Jean-Marc Aveline et François Bustillo ont récemment reçu la visite du pape, ce qui fait d’eux de potentiels papabili. Or, la veille de ce déjeuner, Emmanuel Macron avait dîné dans un prestigieux restaurant italien avec Andrea Riccardi, fondateur de la communauté de Sant’Egidio. Cette communauté, née dans la foulée du concile Vatican II, est connue dans le monde entier pour son action caritative, mais aussi pour son influence diplomatique. Elle aurait ainsi joué, en 1993, un rôle déterminant dans les accords d’Oslo entre Israël et la Palestine. Sa voix est très écoutée au Vatican: le porte-parole du Saint-Siège, Matteo Bruni, est d’ailleurs issu de Sant’Egidio…

Il n’en fallait pas plus pour que la presse italienne échafaude son scénario.

Il n’y a pas eu de pape français depuis la mort de Grégoire XI en 1378, et c’était un pape d’Avignon. Les relations entre la France et la papauté n’ont pas toujours été excellentes: pendant des décennies au XIVᵉ siècle, la France avait déménagé de force le siège de l’Église catholique de Rome à Avignon. Plus tard, Napoléon — excommunié par le pape Pie VII — l’avait tout simplement fait arrêter et assigner à résidence en France de 1809 à 1814.

Plus proche de nous, un contentieux oppose Emmanuel Macron et la Première ministre italienne Giorgia Meloni, qui se disputent un éventuel leadership européen. Est-ce un hasard? Tous les articles évoquant un complot ourdi par le président français ont été publiés dans des journaux de droite, proches de l’actuel gouvernement italien.

Plus concrètement, les deux Français qui pourraient être élus n’ont pas tout à fait le profil idéal. Monseigneur Aveline ne maîtrise pas suffisamment l’italien, langue de travail du Vatican. François Bustillo, en bon Corse, parle italien, mais il est encore un peu jeune — 56 ans — alors que la curie romaine redoute un pontificat trop long, à l’image de celui de Jean-Paul II, qui avait duré 26 ans…

Bref, à Rome, malgré l’aide supposée de Macron, les cardinaux français ne sont pas forcément en odeur de sainteté.

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