Partager:
La Banque d'Angleterre (BoE) a relevé jeudi ses taux pour la 12e réunion d'affilée, les portant à un sommet depuis octobre 2008 et la crise financière, profitant de la résistance de l'économie pour poursuivre sa lutte contre l'inflation.
"L'inflation reste trop élevée", même si elle doit commencer à "dégringoler assez rapidement, dès les données d'avril", a résumé Andrew Bailey, gouverneur de la BoE, lors d'une conférence de presse après l'annonce d'un relèvement du principal taux directeur de la BoE de 0,25 point de pourcentage à 4,5%.
Sans surprise, la BoE a emboîté le pas à la Réserve fédérale américaine et à la Banque centrale européenne, qui ont opté pour des hausses similaires la semaine précédente.
Les grandes banques centrales tentent de contrer l'inflation qui persiste bien au-delà de leur objectif de 2% sans pour autant étouffer des économies qui commencent à chanceler.
Le Royaume-Uni est le seul pays du G7 où elle dépasse encore 10%, malgré la plus longue série de hausses consécutives de l'histoire de la banque centrale.
- La promesse sera tenue -
La Banque anticipe un repli visible à partir des chiffres pour avril.
Au Royaume-Uni, les prix du gaz et de l'électricité s'étaient envolés en avril 2022, quelques mois après le début de la guerre en Ukraine, provoquant une montée de l'inflation qui disparaîtra de la comparaison annuelle.
Par ailleurs, "les hausses de taux depuis décembre 2021 devraient avoir un effet plus marqué dans les trimestres à venir", juge la BoE.
Environ 1,3 million de ménages ayant emprunté pour acheter vont voir les taux de ces emprunts révisés à la hausse d'ici à la fin de l'année, estime par exemple la BoE dans son rapport de politique monétaire.
Les économistes de la BoE jugent que la promesse du gouvernement de diviser l'inflation par deux avant la fin de l'année sera tenue. Mais ils ont relevé leurs projections pour ces indicateurs, notamment en raison de prix de l'alimentaire plus élevés que prévu.
L'inflation devrait selon eux finir à 5% en 2023, avant de reculer à 2,25% en 2024 puis à 1% en 2025.
Certains analystes estiment que la BoE va encore devoir remonter ses taux pour la faire plier: pour ceux de Goldman Sachs, ils monteront jusqu'à 5%.
- Croissance timide -
Pour l'instant, l'économie britannique résiste mieux que projeté par la banque centrale, qui était allée jusqu'à prévoir une récession d'une durée record de cinq trimestres.
La BoE juge désormais que le Royaume-Uni non seulement évitera la récession, mais que son économie ne se contractera sur aucun trimestre en 2023 ou en 2024.
Une révision qui laisse quand même la croissance à un niveau historiquement bas, mais dont l'ampleur remet en question la fiabilité des prévisions de l'institution.
Face aux chocs successifs du Brexit, puis de la pandémie de Covid-19 et enfin l'invasion russe de l'Ukraine, "si les conditions changent, les projections changent", s'est défendu Ben Broadbent, gouverneur adjoint de la BoE lors de la même conférence.
Le PIB britannique devrait, selon les prévisions mises à jour de la Banque, croître de 0,25% en 2023 et de 0,75% en 2024.
Les inquiétudes, focalisées sur le Royaume-Uni fin 2022 avec l'envol du taux de la dette britannique durant l'épisode désastreux du "mini-budget" de l'éphémère Première ministre Liz Truss, ont retraversé l'Atlantique.
La BoE juge que le tumulte sur le secteur bancaire depuis la faillite de Silicon Valley Bank va avoir un effet "modéré" sur l'économie britannique, plus petit que le quart de point de croissance qu'il devrait coûter au PIB américain.
Vers 12H30 GMT (14H30 à Paris), la livre, qui avait atteint un sommet depuis plus d'un an en début de semaine face au dollar, s'inscrivait en légère baisse.
Pour Anna Leach, économiste de l'organisation patronale CBI, la direction à venir des taux reste "incertaine", entre épisodes de turbulences bancaires aux États-Unis et les risques de stabilité financière, ou la possibilité que l'inflation et les salaires notamment restent élevés.
"Les taux ont peut-être atteint leur sommet, mais les risques d'un ou deux autres relèvements restent notables", renchérit Paul Dales, de Capital Economics.