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"L'Europe est une chance pour la Suisse et la Suisse une chance pour l'Europe" : le président français Emmanuel Macron a placé mercredi les relations - souvent compliquées - entre le petit pays alpin et l'UE au coeur de sa visite d'Etat.
"Il nous faut redéfinir une relation fondée sur une forte volonté politique entre la Suisse et l’Union européenne", a argumenté Emmanuel Macron, dès les premières heures d'une rare visite d'Etat d'un président français en Suisse.
Il a repris ce thème durant une conférence de presse commune avec Alain Berset, qui assume jusqu'à la fin de l'année la présidence tournante de la Confédération helvétique.
Le rapprochement avec l'UE est un sujet politique très sensible en Suisse pour des questions de souveraineté, d'indépendance du système judiciaire ou encore de protection des salaires. Les syndicats ont déjà dit leur scepticisme, le premier parti du pays, l'UDC (droite radicale), aussi.
Mais le gouvernement suisse vient d'annoncer qu'un mandat de négociation avec l'UE serait prêt en décembre et la Confédération semble donc en passe de renouer avec les Vingt-Sept, deux ans après avoir choqué Bruxelles en décidant brutalement de mettre fin à de longues années de pourparlers.
"Vous ne le savez peut-être pas mais vous êtes déjà européens", a lancé en guise de boutade le président français. Et d'ajouter : "L'Europe est dans les gènes de la Suisse."
"Nos destins sont les mêmes, nous voulons être souverains en Europe", a-t-il insisté, citant les questions de sécurité, de défense, de migration ou encore d'indépendance énergétique.
"Cultiver une relation stable avec l’Union européenne est essentielle aux yeux de la Suisse", a dit en écho Alain Berset, soulignant que la Suisse vise "à consolider et développer la voie bilatérale avec l’Union européenne."
- Proche-Orient -
Le conflit entre Israël et le Hamas s'est invité dès le premier bain de foule à Berne. "Cessez-le-feu à Gaza M. Macron, on compte sur vous!", lance un jeune homme.
"On ne peut pas le faire tout seul, mais c'est clair", répond le chef de l'Etat, reçu chaleureusement par les badauds dans la capitale helvétique.
Interpellé sur le sujet par la presse, il a longuement réexpliqué la position de la France dans le conflit : "équilibrée" et qui "n'a jamais varié".
Le président français et son épouse Brigitte Macron sont arrivés mercredi en début d'après-midi à Berne et ont eu droit aux égards réservés aux hôtes les plus importants.
Honneurs militaires, rencontre avec les sept membres du Conseil fédéral, discours au Palais fédéral et dîner de gala ont été au programme de cette première journée.
Outre François Hollande, seuls Jacques Chirac en 1998, François Mitterrand en 1983 et Armand Fallières en 1910 avaient fait ce déplacement.
La visite marque un retour à la normale entre Berne et Paris.
En 2022, la Suisse avait fortement irrité la France en préférant le F-35 américain au Rafale français pour moderniser son armée de l'air, un contrat de plus de 6 milliards d'euros.
- Startup et particules élémentaires -
Jeudi, la seconde et dernière journée de la visite sera beaucoup moins protocolaire mais toujours placée sous le signe de l'Europe.
Emmanuel Macron ira visiter la Fondation Jean Monnet pour l'Europe à Lausanne avant de rencontrer des étudiants pour parler des "grands enjeux sociétaux" de l'Union européenne. Il a aussi accepté de répondre aux questions du public.
L'économie sera aussi à l'agenda, les deux pays étant d'importants partenaires commerciaux, et la Suisse le troisième investisseur en France.
Après une rencontre avec des responsables économiques à Lausanne, celui qui est parfois décrit en président de la "Start-up Nation" prendra un train spécial pour rallier Genève en compagnie de dirigeants de jeunes pousses.
Le voyage se conclura avec la visite du CERN, le laboratoire européen pour la recherche nucléaire et la physique des particules, à cheval sur la frontière franco-suisse.