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Alors que se tient ce jeudi à Bruxelles un important sommet européen consacré à la guerre en Ukraine et aux questions de défense, Emmanuel Macron a pris la parole mercredi soir pour un discours à la Nation qu'on pourrait résumer en une phrase : "L'innocence est révolue". Le président de la République a voulu sensibiliser les Français aux enjeux d'un monde où la Russie est une menace et où l'Europe n'est plus sûre de pouvoir compter sur les États-Unis.
Le message d'Emmanuel Macron était très clair et se résume en quelques mots. "La menace russe est là et nous touche sans connaître de frontières". Estimant que face à ce monde de danger, rester spectateur serait une folie.
Les cartes complètement rebattues
Il n'a pas exactement renvoyé dos à dos Vladimir Poutine et Donald Trump espérant le rétablissement du dialogue entre le Président américain et son homologue ukrainien. Théoriquement, l'Amérique reste notre alliée. Mais il est clair, comme il l'a dit, que notre génération ne touchera plus les dividendes de la paix. On a effectivement changé d'époque. On est loin du temps où, juste après la chute du mur de Berlin, on imaginait une fin de l'histoire et une paix perpétuelle. Ce qui a abouti à une baisse des budgets militaires qui nous laisse bien démunis aujourd'hui face au retour d'une politique internationale qui ne connaît que la force.
Ce mercredi soir, c'est en chef des armées que s'est exprimé le chef de l'État : "La patrie a besoin de vous, de votre engagement. Les décisions politiques, les équipements militaires, les budgets sont une chose. Mais ils ne remplaceront jamais la force d'âme d'une nation". Concrètement, il a rappelé que Français et Anglais avaient élaboré un plan pour déployer non pas des forces de combat, mais des bataillons de maintien de la paix une fois un cessez-le-feu établi. Ils ne seraient pas directement sur les lignes de front, mais à l'intérieur de l'Ukraine pour protéger les villes et les infrastructures.
Augmenter les budgets de la défense
Le sommet européen d'aujourd'hui en débattra sûrement, mais il évoquera aussi ce que Napoléon appelait le nerf de la guerre, l'argent. Il n'a pas donné de chiffres, mais il se murmure que la France pourrait faire passer son budget militaire de 2 à 3,5 % du PIB ce qui va impliquer des sacrifices, car Emmanuel Macron a déclaré qu'il n'y aurait pas de nouveaux impôts. Cela qui signifie donc qu'il faudra trouver d'autres financements et tailler peut-être dans les dépenses sociales. Dans le même ordre d'idées, la première ministre danoise Mette Frederiksen, pourtant social-démocrate, a évoqué l'hypothèse de repousser l'âge de la retraite à 70 ans.
Enfin, concernant l'arme nucléaire, le Président n'a pas exclu d'élargir le parapluie français à d'autres pays européens tout en gardant à lui seul le choix de l'utiliser. Selon l'image bien connue, on peut être plusieurs sous un parapluie, mais il n'y en a qu'un qui tient le manche.
Il y a 5 ans, au sujet du Covid, Emmanuel Macron avait déclaré "Nous sommes en guerre", cette fois, ce n'est plus une image.


















