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C'est un petit coup de tonnerre dans le monde de la politique française. Hier, Martine Aubry, la maire de Lille, a annoncé sa démission à un an des élections municipales. Elle quittera à la mi-mars ses fonctions, qu'elle occupait depuis 2001. Son bilan est notamment marqué par la transformation de la ville et, en particulier, des quartiers populaires. Ancienne cheffe du Parti Socialiste, elle a déclaré qu'elle ne quitterait pas la politique et entendait se mêler au débat d'idées.
On a longtemps présenté Martine Aubry comme la fille de Jacques Delors, emblématique président de la Commission européenne. Depuis, elle a su se faire un nom, Aubry, le patronyme de son premier mari qui l'a gardé après son divorce.
Elle a émergé en 1991 comme ministre de l'Emploi dans le gouvernement d'Édith Cresson. Après le retour de la droite au pouvoir en 1995, elle crée une fondation privée, mais son histoire s'accélère après la dissolution ratée, déjà, de Jacques Chirac en 1997. Les socialistes reviennent au pouvoir et le Premier ministre de cohabitation, Lionel Jospin, la nomme ministre de l'Emploi et de la Solidarité, numéro 2 du gouvernement.
Sa cote de popularité s'élève alors à 60%, talonnant celle du chef du gouvernement. Elle a alors 47 ans et nombreux sont ceux qui voient en elle la première présidente de la République.
La protégée de Pierre Mauroy
À l'époque, elle a déjà trouvé une base arrière à Lille, sous la houlette d'un des éléphants du PS, l'ancien Premier ministre, Pierre Mauroy, maire indétrônable de la capitale du Nord. Elle devient sa première adjointe en 1995 et lui succède en 2001. Elle aura donc régné 24 ans sur le beffroi de 104 mètres qui domine la ville. Cette Parisienne s'est adaptée à Lille, dont elle a parachevé la transformation. Autrefois métropole triste d'une vieille région industrielle, elle est aujourd'hui une cité vivante et touristique. Pierre Mauroy avait rénové le vieux Lille et son patrimoine datant des Pays-Bas espagnols. Martine Aubry, elle, s'est occupée des quartiers populaires.
Elle a aussi mené une politique sociale très ambitieuse, inspirée de son action de ministre, car c'est elle qui fut en France à l'origine des 35 heures et de la CMU, la couverture des maladies universelles.
Un pas de côté, mais pas la retraite
En 2008, elle parvient à se faire élire premier secrétaire du Parti Socialiste, face à Ségolène Royal, donnée pourtant favorite. La fusée est lancée, mais elle va se crasher. En 2011, elle participe à la primaire du PS pour la présidentielle, mais elle est battue par François Hollande, qui sera élu à l'Élysée un an plus tard.
Elle démissionne alors de ses fonctions nationales et se replie sur Lille. Hier, elle a désigné son premier adjoint comme successeur, Arnaud Deslandes, maire intérimaire qui espère se faire confirmer aux prochaines élections.
Quant à la Martine, connue pour son mauvais caractère, son autoritarisme, sa ténacité, mais aussi sa force de travail, elle a dit qu'elle ne briguerait pas de fonction politique, mais qu'elle souhaitait participer au renouveau des idées au PS. Ben voyons, j'en connais à Paris qui auraient préféré qu'elle reste chez les ch'tis.