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Sur la route des Jeux: Mathilde Lamolle, revenir à Marseille pour se réapproprier son projet

À 26 ans, Mathilde Lamolle, championne d'Europe du tir au pistolet en 2021 et multiple championne de France, a déjà participé deux fois aux Jeux olympiques. Jusqu'aux JO de Paris, celle qui a été finaliste à 10m lors des Jeux de Tokyo raconte son parcours à l'AFP.

Dans ce neuvième épisode, elle revient sur une saison moyenne et sur son choix de retourner à Marseille pour retrouver une dynamique et se replacer au centre de son projet.

. Entre ange et démon

"Le bilan de la saison est mitigé, parce qu'il n'y a pas eu de médailles sur les grosses compétitions. Ca ressemble à une mauvaise saison mais si on regarde dans le détail, il n'y a pas eu non plus de vraies contre-performances. Toute la saison, j'ai toujours été Top 15. Ca reste correct mais il y a eu pas mal de doutes qui se sont installés et qui ont fait que au lieu de voir des opportunités, je voyais des difficultés. Ca a été une saison toujours un peu entre ange et démon et c'est souvent plutôt le côté démon qui l'a emporté. Ca a été compliqué au plan émotionnel. Je me suis battue toute la saison avec ces deux petits personnages, celui qui me disait +tu es forte, tu vas y arriver+ et l'autre qui disait +cette saison n'est pas pour toi, tu n'es pas sur le bon chemin.+"

. Environnement propice

"Peut-être qu'une vraie contre-performance m'aurait obligée à me dire +ok, qu'est-ce qu'on fait maintenant ?+. Finalement j'ai fait ça en fin de saison. Je me suis dit +non, ça ne va pas, tu vas arriver en année olympique et tu vois bien que si tu continues comme ça, ça ne va pas marcher. Tu n'es pas dans la bonne direction, il faut que tu te reprennes.+"

Du coup, j'ai pris la décision de revenir à Marseille à 100% à partir de novembre. Je reviens dans un environnement qui pour moi est plus propice à la performance. A Marseille, il y a Clément Bessaguet et Jean Quiquampoix, qui sont les meilleurs dans leur discipline. Ca me pousse vers le haut. Ce ne sont pas mes idoles, mais des exemples. J'aimerais dominer ma discipline comme eux et c'est vrai qu'en retrouvant Marseille, je sens cette dynamique qui revient."

. Reprendre la main

"Je tournais entre Paris, Marseille et Bordeaux, où était Walter (Lapeyre, son entraîneur, ndlr). Ca faisait un peu beaucoup. Ca a créé pas mal de fatigue, qui s'est installée et qui a nourri les doutes. J'avais l'impression de ne pas être au centre de mon projet, qu'on m'imposait des choses. Cette saison, c'est plutôt mon coach qui va se déplacer. Les neuf prochains mois vont passer très vite et en retrouvant Marseille, je sens que je me réapproprie le projet. En changeant d'entraîneur après Tokyo, je m'étais un peu effacée et j'ai un peu laissé faire. Je vois que ça ne m'a pas réussi et je me suis remise au centre du projet. A un an des Jeux, c'est +qu'est-ce que je veux moi ?+. Ca n'est plus ce que veut Walter, ou mon père, ou la fédé... Non, c'est mon année, mon plaisir, ma préparation. Je ne peux pas y arriver seule, mais je réfléchis à ce que je veux, mes objectifs, mes attentes, de qui et de quoi j'ai besoin.

Du coup je ressens une dynamique et une force. Tout reprend du sens. Avant, j'allais un peu à droite, à gauche, à Bordeaux, à Marseille, là où on me disait d'aller... J'ai dit +ok, j'ai fait comme vous vouliez, ça n'a pas vraiment marché donc je reprends un peu la main+. Et c'est vrai que ça fait du bien, ça m'a reboostée. Au bout du compte, c'est quand même moi qui tient le pistolet."

Propos recueillis par Stanislas TOUCHOT

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