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Vives tensions en Seine-Saint-Denis après l'attaque d'un commissariat: "Nous allons sécuriser l'ensemble de la commune"

Neuf personnes ont été interpellées en France après l'attaque dimanche soir du commissariat de La Courneuve, près de Paris, aux mortiers de feux d'artifice, suscitant colère et incompréhension, à la suite de la mort d'un jeune homme de la ville, tué lors d'un collision avec une voiture de police.

Selon le récit de Mélissa, habitante du quartier, "vers 23h00, des jeunes ont lancé, je pense, des pétards". "Ils ont visé le commissariat", explique la jeune fille du quartier Marcel-Paul, sous couvert d'anonymat. 

Vidéo à l'appui, filmée depuis son balcon, on distingue un groupe d'une dizaine de personnes lancer des projectiles en direction de l'entrée vitrée du commissariat, qui n'a toutefois pas été endommagé, situé non loin d'une citée enclavée.

D'autres images diffusées sur les réseaux sociaux montrent des groupes de personnes tirant des mortiers d'artifice à profusion sur la façade du poste de police.

D'après des voisins rencontrés par l'AFP, l'attaque du commissariat a duré un peu plus d'une heure.

"On a fait ça pour demander justice pour Wanys même si son grand frère a appelé au calme", a confié un jeune homme, également sous couvert d'anonymat, en référence à la mort à Aubervilliers d'un jeune homme de La Courneuve, âgé de 18 ans, lors d'une course-poursuite mercredi soir avec la police.

"On peut faire un lien entre cette attaque du commissariat et le décès" car "manifestement les jeunes provenaient du quartier dont il est originaire", a confirmé lundi Laurent Nuñez sur BFMTV.

Le préfet de police de Paris s'est rendu en fin de matinée au commissariat attaqué. Sept majeurs, âgés de 18 à 21 ans, et deux mineurs, figurent parmi les interpellés.

"Dès 23H30, le calme est revenu", a salué le préfet de police, grâce à l'arrivée de "renforts locaux" et des "BAC (brigades anti-criminalité, NDLR) nuit de Seine-Saint-Denis et de Paris".

Plusieurs "opérations de sécurisation", notamment pour éteindre des feux de poubelles et "disperser les petits groupes de jeunes" disséminés autour du commissariat, ont été menées, a-t-il poursuivi.

Le préfet de police, qui a précisé que deux policiers avaient été "légèrement blessés", a également annoncé l'envoi de "forces mobiles" autour du commissariat et dans La Courneuve.

La sécurité renforcée dans la commune

"On ne craint pas de nouvelles attaques", "nous allons sécuriser l'ensemble de la commune dans les jours à venir", a annoncé à des journalistes le préfet de police Laurent Nuñez lundi à la mi-journée, après avoir rendu visite aux fonctionnaires du commissariat.

D'après une journaliste de l'AFP sur place, la présence policière était visible dès la mi-journée.

Les forces de l'ordre se montreront, d'après M. Nuñez, "intraitables contre les émeutiers et les violences urbaines".

"Il y a un lien manifestement avec ce qui s'est passé à Aubervilliers, je vous confirme. Un certain nombre d'assaillants faisaient référence à cela", a-t-il relevé.

C'est de "justice dont la famille a besoin, avec elle le pays et tout particulièrement le territoire. C'est de transparence qu'il faut pour favoriser le calme, calme que tout le monde souhaite", a déclaré lors d'une conférence de presse le maire communiste de La Courneuve Gilles Poux.

"Les parents ne souhaitent pas que ça dérape, ce qui ne conduirait qu'à noircir et être facteur d'accusation de quelqu'un qui est la première victime", a-t-il ajouté, décrivant l'"effondrement le plus total" des proches de la victime. 
 

"Mauvaise image"

"Ces actes sont inqualifiables et rien ne peut excuser ces comportements criminels", a pour sa part réagi le syndicat Alliance.

La commune fait l'objet d'une attention particulière depuis la mort mercredi soir à Aubervilliers de Wanys R.. Le jeune homme en scooter était poursuivi par la police après un refus de contrôle. Dans une avenue d'Aubervilliers, son deux-roues avait été heurté par un véhicule de la BAC appelé en renfort, qui arrivait en sens inverse. Ce dernier s'est déporté de sa voie pour éviter un véhicule qui semblait être un taxi.

Dans la collision, Wanys R. a été tué et son passager blessé. Une vidéo du drame a été largement diffusée sur les réseaux sociaux et dans les médias.

L'avocat de la famille a accusé vendredi les policiers de l'avoir "volontairement" percuté, l'avocat des policiers fustigeant une "contrevérité" et défendant la thèse de l'accident.

A quatre mois des Jeux olympiques, qui se dérouleront en grande partie en Seine-Saint-Denis, les commerçants interrogés par l'AFP regrettent "la mauvaise image" donnée de leur quartier.

"Même si les Jeux olympiques cela nous concerne pas, on va nous coller une mauvaise image et c'est pas bon pour le business", estime un épicier, proche du commissariat attaqué.

"C'est triste de perdre un enfant mais il ne faut pas toucher au quartier", abonde Anissa. Pour cette mère de famille, "c'est de la bêtise de détruire notre quartier. On n'aura plus rien". 

"Les incidents survenus à La Courneuve cette nuit sont inacceptables. L'émotion ne doit pas conduire à la violence, et cette dernière ne rendra pas justice. Les policiers doivent pouvoir travailler sereinement et la justice doit apporter des réponses à la famille de Wanys", a écrit sur X (ex-Twitter) le président du département de la Seine-Saint-Denis (PS) Stéphane Troussel.

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