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Les combats dans l’est de la République démocratique du Congo s’intensifient, avec la ville de Goma toujours encerclée par le groupe armé M23. Retour sur un conflit enraciné dans des décennies d’instabilité.
Les violences en République démocratique du Congo (RDC) trouvent leurs racines dans les années 1990, avec la première guerre du Congo. Ce conflit avait pour but de renverser le régime de Mobutu Sese Seko, au pouvoir depuis trois décennies. Mobutu est finalement déchu en 1997 et remplacé par Laurent-Désiré Kabila. Mais l’instabilité ne s’arrête pas là : la deuxième guerre du Congo éclate peu après, cette fois pour contester le régime de Kabila, jugé autoritaire.
Ce deuxième conflit voit l’implication de plusieurs pays voisins, notamment le Rwanda et l’Ouganda, qui justifient leur intervention par la volonté d’éradiquer des groupes rebelles hostiles à leurs intérêts et présents dans l’est du Congo, dans la région riche en ressources naturelles du Kivu. Mais ces motivations officielles masquent des ambitions économiques. Bien que la deuxième guerre du Congo ait pris fin en 2003, la région reste marquée par des luttes incessantes pour le contrôle de ses ressources. C’est dans ce contexte qu’a éclaté la guerre du Kivu, opposant de nombreux groupes armés, parmi lesquels le M23.
Le M23 : un acteur majeur du conflit
Le M23, ou Mouvement du 23 mars, est né en 2012, en réaction à un accord non respecté entre le gouvernement congolais et un autre groupe armé, le CNDP (Congrès national pour la défense du peuple). Cet accord, signé le 23 mars 2009, prévoyait l’intégration des membres du CNDP dans l’armée congolaise. Face à l’échec de cet engagement, le M23 s’est constitué pour exprimer son mécontentement.
L’ONU condamne fermement le M23 et soutient le gouvernement congolais dans ce conflit. Cependant, ce groupe armé bénéficie de soutiens extérieurs présumés, notamment de la part du Rwanda et de l’Ouganda, bien que ces deux pays nient toute implication. L’intérêt pour les ressources naturelles de la région reste une hypothèse récurrente pour expliquer ces soupçons.
Pourquoi une intensification des violences aujourd’hui ?
Les raisons précises de la recrudescence des combats restent floues. Cependant, des infrastructures rénovées en Ouganda, à proximité de la frontière congolaise, auraient permis au M23 de se réapprovisionner plus facilement. Ces routes faciliteraient les déplacements et les échanges logistiques pour le groupe armé, tandis que l’Ouganda fermerait les yeux sur ses activités, selon certaines accusations.
Face à l’urgence de la situation, une rencontre entre le président congolais Félix Tshisekedi et son homologue rwandais Paul Kagame est prévue dans les prochains jours. Selon l’ONU, les combats ont déjà déplacé 400 000 personnes depuis le début du mois de janvier. La ville de Goma, capitale régionale du Kivu, reste au cœur de la crise, poussant les États-Unis et l’Union européenne à appeler leurs ressortissants à quitter la région. Une soixantaine de Belges seraient encore présents sur place.