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Alors que les affrontements s'intensifient à Goma, l'offensive du M23, soutenue par les forces rwandaises, aggrave une situation humanitaire déjà critique. Les autorités belges appellent leurs ressortissants à quitter la région tant que cela reste possible.
Les combats se multiplient autour de Goma, capitale de la province du Nord-Kivu en République démocratique du Congo (RDC). Vendredi, d'intenses affrontements ont opposé l'armée congolaise, appuyée par des unités d'élite des Nations Unies, au groupe armé M23, soutenu par le Rwanda. Cette offensive marque "une violation du droit international et du cessez-le-feu agréé dans le cadre du processus de paix à Luanda", selon Florinda Baleci, porte-parole du SPF Affaires étrangères.
Face à la dégradation rapide de la situation, les ressortissants belges présents dans la région sont invités à quitter Goma. "Nous avons actuellement environ 60 Belges sur place avec lesquels notre ambassade est en contact étroit. Nous conseillons à ces ressortissants de limiter leurs déplacements au strict minimum et de prévoir les réserves nécessaires", a déclaré la porte-parole.
Elle insiste également sur l’urgence d’une réévaluation de leur présence dans la région : "Nous invitons les Belges qui se trouvent à Goma à réévaluer si leur présence sur place est toujours nécessaire. Si ce n’est pas le cas, nous les encourageons vivement à quitter temporairement la zone tant que cela reste encore possible."
L'ONU et les puissances internationales en alerte
La situation à Goma inquiète la communauté internationale. Le secrétaire général des Nations Unies, António Guterres, s'est dit "alarmé" par un regain de violences susceptible de déclencher une guerre régionale. L'ONU a mobilisé ses forces de réaction rapide (QRF) pour soutenir l'armée congolaise. Ces dernières heures, l'artillerie lourde de la Monusco a visé les positions du M23.
Plus de 15.000 Casques bleus sont actuellement déployés en RDC, mais leur intervention peine à stabiliser une région en proie à des violences depuis plus de trois décennies. Selon le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), plus de 400.000 personnes ont été déplacées depuis début janvier, soit presque le double par rapport à la semaine précédente. Ces déplacements s’ajoutent à ceux de centaines de milliers d'autres civils ayant déjà fui les violences dans l'est de la RDC.
Des bombardements ont été signalés à proximité de Goma, et des combats violents ont eu lieu dans la zone de Sake, à une vingtaine de kilomètres de la ville. Face à l’intensification des affrontements, plusieurs ambassades, dont celles des États-Unis, de la France et du Royaume-Uni, ont recommandé à leurs ressortissants de quitter la région.
Une médiation difficile et des tensions persistantes
Le conflit oppose depuis trois ans le M23, appuyé par plusieurs milliers de soldats rwandais, à l’armée congolaise. La RDC accuse le Rwanda de chercher à contrôler les ressources minières de l'est du pays, des accusations que Kigali rejette.
Les efforts de médiation, notamment sous l’égide de l’Angola, n’ont pour l’instant pas permis de rétablir la paix. La Turquie a proposé jeudi de jouer un rôle de médiateur, mais les espoirs restent limités. Plusieurs cessez-le-feu ont été rompus dans le passé, le dernier en date ayant été signé en juillet 2024.
Alors que les affrontements se rapprochent dangereusement de Goma, les habitants, déjà lourdement éprouvés, craignent une nouvelle occupation de la ville, comme ce fut le cas en 2012. La situation reste extrêmement volatile, avec des coupures fréquentes de réseaux mobiles, d’internet et d’électricité qui compliquent encore davantage la vie des civils sur place.