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Une immense foule a envahi mercredi les rues de Dacca, capitale du Bangladesh, pour manifester sa colère face à la hausse du coût de la vie, exigeant la démission de la Première ministre Sheikh Hasina et la tenue d'élections.
Le Parti nationaliste du Bangladesh (BNP) et d'autres alliés de l'opposition ont organisé des rassemblements à Dacca et dans neuf autres villes.
"Le temps de s'accrocher au pouvoir par la force est révolu", a déclaré Mirza Abbas, un haut dirigeant du BNP, lors d'un sit-in devant le siège du parti dans la capitale. "Laissez un gouvernement neutre organiser des élections".
Selon la police, 50.000 manifestants sont venus écouter M. Abbas, libéré de prison lundi, un mois après une importante répression des militants de l'opposition.
Mais selon les responsables du BNP, plusieurs centaines de milliers de manifestants ont répondu à leur appel à Dacca, et des milliers d'autres dans des rassemblements similaires dans tout le pays.
"Le coût de la vie a toujours été un casse-tête", a déclaré à l'AFP Abu Nayem, étudiant à Dacca. "Cela ne pose peut-être pas de problème au gouvernment, mais des gens comme moi sont en train de mourir. Je suis venu protester contre cette apathie irresponsable".
"Nous avons tiré des balles en caoutchouc pour maîtriser la situation", a déclaré à l'AFP un haut responsable de la police de Faridpur (centre) ayant requis l'anonymat.
Shama Obaed, une dirigeante du BNP à la tête du rassemblement, a raconté à l'AFP qu'au moins 100 militants avaient été blessés dans des attaques de partisans du parti au pouvoir, à coups de bâtons, de cocktails molotov et de pierres.
Selon elle, plus de 30 partisans du BNP ont été arrêtés.
Le Bangladesh reste l'une des économies à la croissance la plus rapide d'Asie, mais l'invasion russe de l'Ukraine a obligé le gouvernement à suspendre les importations de gaz et de diesel.
La hausse des prix des denrées alimentaires et des carburants a contraint le gouvernement de Mme Hasina à imposer l'an dernier de longues coupures d'électricité et à accroître la distribution de nourriture aux plus démunis.
La monnaie bangladaise, le taka, s'est dépréciée de près de 25%, faisant grimper le coût des importations alimentaires et rendant l'existence des plus vulnérables plus difficile encore.
La Ligue Awami, au pouvoir, a organisé une contre-manifestation beaucoup plus modeste à Dacca en soutien à Mme Hasina, conspuant les appels à sa démission.
"Les extrémistes se rassemblent en un seul endroit pour nous renverser", a-t-elle déclaré à ses partisans mardi. "Ne pensez pas que le parti va s'écrouler s'il est secoué. Les choses ne sont pas aussi faciles."
Les gouvernements occidentaux et l'ONU ont exprimé des inquiétudes relatives au climat politique actuel au Bangladesh où le parti de Mme Hasina domine le parlement.
En décembre 2021, les États-Unis ont imposé des sanctions contre un groupe antiterroriste et anticriminalité d'élite, le Bataillon d'action rapide (RAB), et sept hauts responsables de la sécurité, dont le chef de la police nationale, en raison de violations flagrantes des droits humains.
Le gouvernement de Mme Hasina nie être à l'origine de toute disparition forcée de partisans et de dirigeants de l'opposition, et affirme que plusieurs criminels ont été tués dans des échanges de tirs avec des officiers.