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Donald Trump orchestre un véritable show politico-médiatique, pensé pour frapper l’opinion, court-circuiter les contre-pouvoirs et imposer son image de président-CEO aux commandes.
Les images de Donald Trump et de son feutre noir, signant des décrets à la chaîne, font régulièrement le tour du monde. Ce pouvoir est utilisé un rythme inédit depuis Franklin Roosevelt. 137 décrets ont été signés en 100 jours.
Ces décrets, qui n'ont pas force de loi puisqu'ils peuvent être contestés en justice, ne sont-ils pas davantage des coups de communication ?
"C'est un show", confirme Nicolas Baygert, professeur en communication. "C'est aussi pour donner l'illusion de l'efficacité radicale du président. Il y a la volonté de court-circuiter le contre-pouvoir, ou en tout cas d'affirmer cette volonté".
Pour l'invité de l'édition spéciale de RTL info, Donald Trump se comporte "en quelque sorte comme un chef d'entreprise", "un PDG de l'État américain", ajoute-t-il. Nicolas Baygert parle également de "techno-populiste" : "J'agis et je fais l'économie des intermédiaires".
L'objectif serait donc bien communicationnel avant tout : "C'est cette image qui est projetée, qui est retenue par le public américain, peu importe ce qui va être contredit par la suite" Tout est une question de vitesse. "On est dans une logique accélérationniste, on veut agir le plus vite possible".
Enfin, le président américain applique une stratégie de l'usure : "On ne va pas pouvoir résister à la rafale des décrets, car il est très difficile pour les journalistes ou pour les opposants de réagir à cette avalanche de décrets et de les décortiquer et déconstruire un par un. On est dans une sorte de vague, de tsunami, qui donne l'avantage communicationnel à Donald Trump", conclut l'expert.
Les décrets, "un peu du théâtre"
Mais quelle valeur ont réellement ces décrets ? "C'est un peu du théâtre", réagit François van der Mensbrugghe, professeur de droit anglo-américain. "On a tous l'impression que ce sont des lois, que ce sont des éléments qui vont s'inscrire dans la durée et contre lesquels il n'y a aucun recours contre lesquels il n'y a aucun moyen de s'opposer, mais les juridictions peuvent absolument s'opposer et on a déjà une quantité très importante d'actions en justice, 211 actions qui ont été introduites", rappelle le professeur. Ces actions en justice sont là pour démontrer que certains de ces décrets violent la constitution.
Plusieurs juges fédéraux ont introduit des recours pour suspendre des décisions de Donald Trump. C'est le cas des expulsions de migrants, des personnes transgenres dans l'armée ou de certains fonctionnaires limogés sans justification. Une opposition juridique qui compense le manque d'opposition politique.


















