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Comment Maria Sklodowska devint... Marie Curie : le destin exceptionnel d’une pionnière aux deux prix Nobel

Par RTL info avec Luc Gilson
Deux prix Nobel, une vie de science et de courage : Marie Curie demeure une figure unique de l’histoire. L’historien Noé Vagner-Clévenot revient, dans le vidéocast « C’est arrivé un jour », sur le destin hors du commun de cette femme de science.

Invité du vidéocast « C’est arrivé un jour », Noé Vagner-Clévenot rappelle d’abord que « Marie Curie n’est pas née Curie, mais Maria Skłodowska ». Issue d’une famille d’intellectuels polonais à Varsovie, elle grandit dans une Pologne sous domination russe. L’historien explique que « la Russie mène alors une politique de russification, imposant sa langue et sa culture ». Marie Curie restera profondément attachée à ses origines : « Elle transmettra ce patriotisme à ses filles », souligne-t-il, rappelant qu’elle baptisa l’un de ses éléments découverts, le polonium, « en hommage à son pays natal ».

 © Wellcome Library, London Photographer unknown Available under Creative Commons Attr, CC BY 4.0
 © Wellcome Library, London Photographer unknown Available under Creative Commons Attr, CC BY 4.0 -  © Wellcome Library, London Photographer unknown Available under Creative Commons Attr, CC BY 4.0

Une étudiante brillante à Paris

En 1891, la jeune Maria réalise son rêve : étudier à la Sorbonne. « Elle y décroche deux licences, en physique et en mathématiques, en terminant première et deuxième de sa promotion », raconte Noé Vagner-Clévenot. À Paris, elle rencontre Pierre Curie, un chercheur déjà reconnu.

Ensemble, ils forment un duo scientifique hors norme : « Une véritable synergie les unissait », observe l’historien. Le couple découvre plusieurs éléments radioactifs et révolutionne la science du début du XXᵉ siècle.

« Si ma femme n’est pas associée au prix, je le refuse »

En 1903, Marie Curie devient la première femme à recevoir un prix Nobel, partagé avec Pierre Curie et Henri Becquerel. « Le comité souhaitait à l’origine récompenser uniquement Pierre Curie et Becquerel, mais Pierre a insisté », confie Noé Vagner-Clévenot. Huit ans plus tard, en 1911, Marie obtient seule le prix Nobel de chimie pour la découverte du radium et du polonium. Elle deviendra aussi la première femme professeure à la Sorbonne. Lors de sa leçon inaugurale, rappelle l’historien, « elle commence simplement son cours, là où Pierre l’avait laissé, comme si de rien n’était ».

Marie Curie et sa fille Irène au laboratoire de l’Institut du Radium à Paris
© Association Curie Joliot-Curie Photographer unknown
Marie Curie et sa fille Irène au laboratoire de l’Institut du Radium à Paris © Association Curie Joliot-Curie Photographer unknown -  © Association Curie Joliot-Curie Photographer unknown

Une scientifique engagée et une femme libre

Pendant la Première Guerre mondiale, Marie Curie équipe des ambulances de matériel de radiologie : « Elle voulait soigner les soldats grâce aux rayons X », explique l’historien. Elle conduit elle-même ces véhicules, accompagnée de sa fille Irène. Plus tard, un scandale éclate lorsqu’on découvre sa liaison avec le physicien Paul Langevin. « Ce n’était pas une liaison extraconjugale pour elle, mais la presse de l’époque la visait avec une violence sexiste et nationaliste », raconte Noé Vagner-Clévenot. Jusqu’à sa mort en 1934, des suites d’une leucémie due à la surexposition aux radiations, Marie Curie « est restée lucide et consciente des risques ». Son héritage, poursuit-il, se prolonge avec sa fille Irène, prix Nobel en 1935, « comme si la dynastie Curie poursuivait le rayonnement de la science ».

Portrait de Marie Curie, 1934
Portrait de Marie Curie, 1934 - Source: Smithsonian Institution Archives Photographer unknown No known copyright restrictions

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