Partager:
Invité du vidéocast « C’est arrivé un jour », Noé Vagner-Clévenot rappelle d’abord que « Marie Curie n’est pas née Curie, mais Maria Skłodowska ». Issue d’une famille d’intellectuels polonais à Varsovie, elle grandit dans une Pologne sous domination russe. L’historien explique que « la Russie mène alors une politique de russification, imposant sa langue et sa culture ». Marie Curie restera profondément attachée à ses origines : « Elle transmettra ce patriotisme à ses filles », souligne-t-il, rappelant qu’elle baptisa l’un de ses éléments découverts, le polonium, « en hommage à son pays natal ».

Une étudiante brillante à Paris
En 1891, la jeune Maria réalise son rêve : étudier à la Sorbonne. « Elle y décroche deux licences, en physique et en mathématiques, en terminant première et deuxième de sa promotion », raconte Noé Vagner-Clévenot. À Paris, elle rencontre Pierre Curie, un chercheur déjà reconnu.
Ensemble, ils forment un duo scientifique hors norme : « Une véritable synergie les unissait », observe l’historien. Le couple découvre plusieurs éléments radioactifs et révolutionne la science du début du XXᵉ siècle.
« Si ma femme n’est pas associée au prix, je le refuse »
En 1903, Marie Curie devient la première femme à recevoir un prix Nobel, partagé avec Pierre Curie et Henri Becquerel. « Le comité souhaitait à l’origine récompenser uniquement Pierre Curie et Becquerel, mais Pierre a insisté », confie Noé Vagner-Clévenot. Huit ans plus tard, en 1911, Marie obtient seule le prix Nobel de chimie pour la découverte du radium et du polonium. Elle deviendra aussi la première femme professeure à la Sorbonne. Lors de sa leçon inaugurale, rappelle l’historien, « elle commence simplement son cours, là où Pierre l’avait laissé, comme si de rien n’était ».

Une scientifique engagée et une femme libre
Pendant la Première Guerre mondiale, Marie Curie équipe des ambulances de matériel de radiologie : « Elle voulait soigner les soldats grâce aux rayons X », explique l’historien. Elle conduit elle-même ces véhicules, accompagnée de sa fille Irène. Plus tard, un scandale éclate lorsqu’on découvre sa liaison avec le physicien Paul Langevin. « Ce n’était pas une liaison extraconjugale pour elle, mais la presse de l’époque la visait avec une violence sexiste et nationaliste », raconte Noé Vagner-Clévenot. Jusqu’à sa mort en 1934, des suites d’une leucémie due à la surexposition aux radiations, Marie Curie « est restée lucide et consciente des risques ». Son héritage, poursuit-il, se prolonge avec sa fille Irène, prix Nobel en 1935, « comme si la dynastie Curie poursuivait le rayonnement de la science ».

















