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Lors de son investiture lundi, Donald Trump a annoncé, entre autres, que les Américains allaient planter leur drapeau sur la planète Mars avant la fin de son mandat. C'est un lointain écho finalement au discours de campagne de John F. Kennedy qui avait promis la Lune à ses électeurs le 15 juillet 1960. Les Américains sont bien allés sur la Lune en 1969. Alors, est-il possible de les voir se poser sur Mars au plus tard en 2028 ?
La réponse est simple, c'est non. Je ne vous dis pas ça pour embêter Donald Trump et son copain Elon Musk qui se pâmaient de bonheur lundi, mais tout simplement parce que c'est impossible, pour deux raisons.
Un délai beaucoup trop court
Les délais sont trop courts et personne sur Terre ne dispose pour l'instant de la logistique nécessaire. Envoyer des robots sur Mars on sait le faire, mais des êtres humains, c'est une autre histoire. D'abord, il faudrait une fusée hyper puissante, l'héritière plus grande de la mythique Saturn V qui avait emmené Neil Armstrong sur la Lune. Plusieurs projets sont en préparation, mais aucun n'a encore abouti. Ainsi, Starship, le grand vecteur développé par SpaceX et sélectionné par la NASA pour aller sur la Lune avec le programme Artemis, n'est pas encore opérationnel. Il passe des tests, mais pour le moment, il explose trop souvent et n'est pas qualifié pour le vol habité.
Et quand bien même il serait mis au point et aurait la capacité de se poser sur la planète rouge, il faudra encore en revenir. Le quotidien Le Figaro a interrogé à ce sujet l'astrophysicien Francis Rocart, spécialiste de ces questions. Il est formel, pour lui, un vaisseau dans l'état des connaissances actuelles ne pourrait pas se poser avec le carburant nécessaire à son redécollage, car il serait trop lourd.
Le budget de la NASA limité
Il y a deux options, soit fabriquer du méthane et de l'oxygène sur place à partir d'eau et de CO2 de l'atmosphère, soit envoyer des réservoirs avant. La NASA n'envisage pas que cela soit réalisable avant 2040. Pour Francis Rocart, dont le grand-père Yves Rocart fut l'un des modèles d'Hergé pour le professeur Tournesol, la NASA qui développe sa propre fusée envisagerait plutôt un gigantesque vaisseau de 300 à 500 tonnes, éventuellement à propulsion nucléaire, capable de se poser et de revenir. La mission prendrait environ 600 jours avec 3 à 4 semaines sur place, mais ce projet, il faudrait aussi le financer à hauteur de 400 milliards de dollars. Or, le budget de la NASA est de 25 milliards par an. L'agence d'État se concentrerait plutôt sur la construction d'une base lunaire qui permettrait de préparer le voyage vers Mars, un programme au très long cours.
En revanche, à l'échéance de 2028, on pourrait imaginer l'envoi d'un vaisseau automatique Starship pour aller survoler Mars en reconnaissance avant de revenir sur Terre, comme l'avait fait par exemple Apollo 8 avec la Lune. Une sorte d'apéritif, mais qui ne suffira peut-être pas à l'appétit de Donald Trump.