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Jean-Pierre Delomier, membre de Handicap International, était à Gaza: "On ne peut pas vivre, on peut juste survivre"

Pour nous parler du conflit entre le Hamas et Israël, qui a repris de plus belle il y a 5 mois jour pour jour, le 7 octobre dernier, Jean-Pierre Delomier, directeur adjoint des opérations internationales chez Handicap International, était l'invité du RTL info 19h. Il revient tout juste de la zone de guerre.

De votre propre aveu, vous n'êtes pas revenu indemne. Racontez-nous ce que vous avez vu, vécu sur place, à Rafah ?

Je suis frappé d'effroi, cela ne laisse effectivement pas indemne. C'est la conjonction de deux phénomènes : des bombardements massifs qui aboutissent à des déplacements significatifs de populations et une aide humanitaire qui reste à la frontière, dans l'attente de pouvoir rentrer à l'intérieur. Dans le même temps, des parachutages de palettes sont effectués dans des conditions difficiles. Un cessez-le-feu est nécessaire afin d'aider cette population, comme l'a dit la ministre.

1,7 millions de personnes ont fui Gaza, 1,5 millions ont trouvé refuge à Rafah, au sud de Gaza, qui compte habituellement 280 000 habitants. Comment vivre décemment dans ces conditions où tout vient à manquer ?

On ne peut pas vivre, on peut juste survivre. À l'intérieur de Rafah, les trottoirs, les petites cours, les espaces entre les immeubles sont jonchés de tentes, d'abris, où les personnes tentent de survivre. Chaque jour est une quête de nourriture et d'eau. Quelques vendeurs proposent des boîtes de conserve, par exemple, sont là, mais c'est largement insuffisant. De nombreuses personnes, des femmes, des enfants, sont confrontés tous les jours à des conditions inimaginables.

Des populations auxquelles il est difficile de porter secours sur place, on est obligé de passer par des largages aériens. Concrètement, vous risquez votre vie en allant sur place ? Une bombe tombe sur Gaza en moyenne toutes les 180 secondes.

On peut ajouter à cette statistique que parmi ces bombes, il y a un taux d'efficacité qui fait que 10% de ces bombes n'explosent pas à l'impact, ce qui veut dire que 3.000 d'entre elles n'ont pas explosé et qui restent là. Elles détruisent des maisons, des infrastructures, des routes... Nous mettons en garde les personnes qui pourraient rentrer à Gaza des impacts que ces dernières pourraient avoir.

 

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