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Joe Biden s'est dit mardi optimiste sur la possibilité d'éviter un défaut de paiement des Etats-Unis, qui pourrait survenir dans deux semaines, mais il a dû écourter son voyage diplomatique prévu en Asie pour se concentrer sur les tractations.
"Il reste du travail sur plusieurs questions difficiles", mais Joe Biden est "optimiste" quant à la conclusion d'un "accord budgétaire raisonnable", a indiqué la Maison Blanche dans un communiqué.
Le président américain s'entretiendra une nouvelle fois cette semaine par téléphone avec les principaux responsables du Congrès. Il les reverra en personne après son retour dimanche d'un voyage au Japon pour la réunion du G7.
Signe de l'urgence et de la difficulté des discussions, Joe Biden a annulé la tournée diplomatique majeure qu'il devait réaliser dans la foulée en Papouasie-Nouvelle-Guinée et en Australie, a annoncé la Maison Blanche.
Côté républicains en revanche, le ton était plus prudent. Cette réunion était "un peu plus productive" que la précédente, le 9 mai, a souligné Kevin McCarthy, responsable républicain de la Chambre des représentants, tenue par une courte majorité conservatrice.
De lui dépend, en grande partie, le destin financier à court terme des Etats-Unis.
"Nos positions sont encore éloignées, mais ce qui a changé au cours de cette réunion, c'est que le président a sélectionné deux personnes de son administration pour négocier directement avec nous", a-t-il indiqué à la presse, de retour au Congrès.
"Cela ne signifie pas que nous allons arriver à un accord", mais que "le processus est amélioré", a-t-il déclaré.
Pour autant, "je ne suis pas plus optimiste", a encore déclaré Kevin McCarthy, à deux semaines de la date fatidique d'un possible défaut de paiement de la première économie du monde, un scénario inédit et aux conséquences potentiellement dramatiques.
Le chef des démocrates au Sénat, Chuck Schumer, a lui rappelé qu'un défaut de paiement serait "la pire des alternatives".
- "Catastrophique" -
Dans un contexte de campagne présidentielle, et généralement de grandes tensions politiques, ni le président américain, candidat à un second mandat, ni le ténor conservateur McCarthy, ne veulent être celui qui cillera le premier.
La Maison Blanche a multiplié les mises en garde sur un possible défaut de paiement, une situation dans laquelle l'Etat fédéral se verrait dans l'incapacité de débourser un seul centime, qu'il s'agisse de payer des salaires, verser des prestations sociales, rembourser ses créanciers.
Ce serait "catastrophique" et "dévastateur pour l'Amérique et, pour le dire franchement, le monde entier", avait dit Joe Biden dans une vidéo diffusée sur Twitter avant la réunion.
Ce scénario inédit d'un défaut de paiement américain menace dès le 1er juin si aucun accord n'est trouvé au Congrès pour relever le plafond d'endettement public autorisé.
"Nous demandons instamment qu'un accord soit conclu rapidement afin que le pays puisse éviter ce scénario potentiellement dévastateur", exhortent plus de 140 PDG d'entreprises américaines, dont ceux des géants Pfizer, Morgan Stanley, ou encore Goldman Sachs, dans une lettre ouverte envoyée mardi à la Maison Blanche et aux responsables du Congrès.
Le calendrier parlementaire complique encore l'affaire. La Chambre des représentants et le Sénat, qui ensemble composent le Congrès, et qui doivent pareillement voter sur la dette, ne siègent au même moment, jusqu'au 1er juin, que pendant quatre jours.
- Plusieurs options -
Le Congrès américain doit régulièrement - c'est une spécificité du pays - relever le plafond maximal d'endettement public.
Or les républicains de Kevin McCarthy refusent de voter en ce sens tant que Joe Biden n'acceptera pas d'importantes coupes budgétaires.
Officiellement, la Maison Blanche refuse de négocier sur le relèvement du plafond d'endettement, longtemps une procédure de routine et qui ne doit pas, selon Joe Biden, être politisée puisque la dette a été accumulée par des gouvernements des deux bords.
Mais, en réalité, plusieurs options sont sur la table.
Les républicains et les démocrates pourraient ainsi s'entendre pour que plusieurs dizaines de milliards de dollars prévus pour répondre à la pandémie de Covid-19, mais jamais utilisés, soient annulés, de manière à réduire la dépense publique.
En discussion également, selon la presse américaine: les attributions de permis dans le domaine de l'énergie, et le durcissement des conditions d'attribution de certaines prestations sociales.
Cette dernière option suscite l'indignation de certains élus démocrates les plus à gauche, par exemple la sénatrice Elizabeth Warren, qui a dénoncé mardi au Capitole "une tentative pure et simple de priver des gens de prestations dont ils dépendent pour survivre."