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Des heurts ont opposé les forces de l'ordre sénégalaises et des partisans d'Ousmane Sonko lundi à Ziguinchor (sud) à la veille de la comparution prévue de l'opposant devant un tribunal pour viols, un complot du pouvoir pour l'écarter de la présidentielle selon lui.
L'affaire Sonko, feuilleton aux confins de la politique et des moeurs qui tient le Sénégal en haleine depuis plus de deux ans, a une fois de plus fait monter la tension et fait craindre un accès de violences.
La police a rapporté la mort accidentelle d'un policier, écrasé par un des blindés déployés à Ziguinchor. Les médias ont fait état de plusieurs blessés parmi les manifestants.
M. Sonko, président du parti Pastef-les Patriotes et troisième de la présidentielle en 2019, est censé se présenter mardi devant une chambre criminelle à Dakar pour viols et menaces de mort sur une employée d'un salon de beauté de la capitale. Ouverture du procès ou simple interrogatoire préparatoire ? La confusion régnait lundi, de même qu'une incertitude totale sur l'intention de M. Sonko, présumé se trouver à Ziguinchor, de se rendre ou non au tribunal.
M. Sonko, 48 ans, a toujours réfuté les accusations de viols et crié au coup monté pour l'empêcher de concourir à la présidentielle de 2024. Une condamnation contrecarrerait encore davantage sa candidature. Il risque d'être arrêté s'il s'en tient à son refus de se présenter devant une justice qu'il estime instrumentalisée.
Des jeunes se sont mobilisés lundi à Ziguinchor, la ville de Casamance dont il est le maire depuis 2022 et où il s'est retiré il y a quelques jours, à plusieurs centaines de kilomètres de Dakar.
Des groupes occupant la chaussée jonchée de projectiles ont lancé des pierres contre les forces de l'ordre, qui ont riposté avec des gaz lacrymogènes, a constaté un correspondant de l'AFP.
- "Tout est artifice" -
Les sympathisants de M. Sonko ont établi des barrages dans différentes rues à l'aide de blocs de pierre et de troncs, et brûlé des pneus.
De nombreux partisans de tous les âges se sont regroupés dimanche soir autour de son domicile à Ziguinchor pour former un bouclier humain contre une tentative d'arrestation, ont rapporté les médias.
M. Sonko lui-même s'est muré dans le silence depuis plusieurs jours. Il a dit auparavant être en "désobéissance civile" face au harcèlement dont il se dit l'objet. Il a été condamné en mai à six mois de prison avec sursis pour diffamation contre un ministre, un autre coup fourré selon lui. Cette peine à elle seule pourrait le priver de son éligibilité.
Les textes stipulent que M. Sonko doit se présenter au greffe du tribunal au plus tard la veille de son procès. A défaut, la justice peut le faire amener de force ou le juger par contumace.
M. Sonko a dit qu'il ne répondrait plus aux convocations de la justice sans garantie pour sa sécurité. Il affirme que des membres des forces de sécurité ont tenté de l'assassiner.
Deux de ses avocats ont dit à l'AFP n'avoir reçu aucune convocation en vue d'un procès. "Tout est artifice pour un jugement par contumace. Nous avons vu les violences sur les populations autour de sa maison (à Ziguinchor), ce qui conforte l'absence de sécurité", a déclaré l'un d'eux, Me Ciré Clédor Ly.
Les rendez-vous de M. Sonko avec la justice ont régulièrement donné lieu à des incidents ou paralysé Dakar. Ses adversaires l'accusent de s'en remettre à la rue pour échapper à la justice, ou d'être un agitateur fomentant un projet "insurrectionnel".
Son interpellation en 2021 a contribué à déclencher plusieurs jours d'émeutes qui ont fait au moins 12 morts.
Le cas de M. Sonko, populaire chez les moins de 20 ans qui représentent la moitié de la population, monopolise le débat public depuis deux ans, avec les intentions du président Macky Sall. Ce dernier, élu en 2012, réélu en 2019, entretient le flou sur une nouvelle candidature en 2024. La perspective d'un troisième mandat de sa part compte de nombreux adversaires, qui le disent contraire à la Constitution.