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Réélection d'un Emmanuel Macron fragilisé par la perte de sa majorité absolue au Parlement, percée historique du RN, tensions sur l'énergie et le pouvoir d'achat, canicules et incendies, voici les principaux événements de l'année 2022.
- Covid: le pass vaccinal passe mal -
Confronté au variant ultra-contagieux Omicron, l'exécutif transforme le pass sanitaire en pass vaccinal en janvier malgré une mobilisation parfois très vive de ses opposants.
Il sont plus de 100.000 à manifester le 8 janvier après qu'Emmanuel Macron a déclaré avoir "très envie d'emmerder" les non vaccinés.
Soignants et enseignants crient aussi dans la rue et par des grèves leur manque de moyens.
Mi-mars, le gouvernement lève l'essentiel des restrictions.
Le 18 octobre, l'ex-Premier ministre Édouard Philippe est placé sous le statut de témoin assisté par la CJR (Cour de Justice de la République) pour mise en danger de la vie d'autrui et abstention volontaire de combattre un sinistre concernant sa gestion de l'épidémie.
L'épidémie repart en fin d'année alors que les hôpitaux sont déjà surchargés.
- Orpea et le scandale des Ehpad -
Accusé de graves manquements dans la prise en charge des résidents de ses maisons de retraite médicalisées et d'infractions financières après la publication du livre-enquête de Victor Castanet "Les Fossoyeurs", le groupe d'Ehpad privés Orpea tente d'allumer un contre-feu le 31 janvier en limogeant son directeur général.
La justice ouvre en avril une enquête préliminaire pour maltraitance institutionnelle et infractions financières, à la suite d'un signalement du gouvernement.
Des familles déposent une cinquantaine de plaintes.
Fin octobre, alors que son action est en chute libre, Orpea ouvre une procédure amiable de conciliation au tribunal de commerce afin de renégocier sa dette avec ses créanciers.
En novembre, le groupe accepte de rembourser l'intégralité des 55,8 millions d'euros d'argent public qui lui sont réclamés au titre de ses mauvaises pratiques passées.
- France-Algérie: réchauffement et symboles -
Poursuivant les "gestes symboliques", nécessaires selon lui au "travail de mémoire" sur la guerre d'Algérie, le président Macron exprime en janvier "la reconnaissance" de la France envers les rapatriés d'Algérie.
Il reconnaît comme un "massacre" la fusillade de la rue d'Isly à Alger, le 26 mars 1962, où des dizaines de partisans de l'Algérie française furent tués par l'armée.
Le 8 février, il est le premier président à rendre hommage aux neuf manifestants morts 60 ans auparavant lors d'un rassemblement pacifique contre l'OAS (organisation secrète pro-Algérie française) très violemment réprimé par la police au métro Charonne à Paris.
En août, à Alger, M. Macron salue "un partenariat renouvelé" avec le pouvoir algérien, jugeant la recherche de "la vérité" et de "la reconnaissance" plus importante que la "repentance".
Plus de neuf ans après avoir été accueillis au Mali comme des "sauveurs" face aux groupes jihadistes, les militaires français achèvent en août leur retrait du pays, dans un climat d'hostilité grandissante.
- Colonna mortellement agressé en prison -
Le 2 mars, une violente agression par un détenu fondamentaliste musulman à la prison d'Arles (Bouches-du-Rhône) plonge dans le coma le militant indépendantiste corse Yvan Colonna, 61 ans, condamné à perpétuité pour l'assassinat du préfet Claude Erignac en 1998. Colonna réclamait en vain son transfèrement sur l'île.
Le 15, alors que la Corse est secouée par des manifestations, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin dit être prêt "à aller jusqu'à l'autonomie" mais demande en préalable au dialogue un retour au calme.
Le 16, le FLNC (Front de libération nationale de la Corse) menace de reprendre la lutte.
Le 21, Yvan Colonna décède. Sa famille engage une action contre l’Etat tandis qu'un rapport d'enquête pointe des dysfonctionnements au sein de la prison.
Le 9 décembre, à la suite d'un vaste coup filet dans les milieux nationalistes, le militant Charles Pieri est mis en examen pour association de malfaiteurs terroriste et écroué.
- Avant la présidentielle: flop et trouble politique -
La victoire de Christiane Taubira à une très contestée "primaire populaire de la gauche" non reconnue par Jean-Luc Mélenchon (LFI), Yannick Jadot (EELV) et Anne Hidalgo (PS), fait flop en mars quand elle annonce ne pas avoir recueilli les 500 parrainages nécessaires pour se présenter.
Le polémiste d'extrême droite Eric Zemmour trouble le jeu politique et est condamné pour provocation à la haine pour des propos sur les mineurs migrants isolés.
A 38 jours seulement du premier tour, Emmanuel Macron se porte candidat à sa réélection.
Il part largement favori alors que l'invasion de l'Ukraine par les troupes russes mobilise son agenda. Jamais une crise internationale n'a autant impacté une campagne présidentielle sous la Ve République.
- Emmanuel Macron réélu, percée historique du RN -
Le 10 avril, Emmanuel Macron (27,8%) et Marine Le Pen (23,1%) arrivent en tête au premier tour de l'élection présidentielle.
Jean-Luc Mélenchon est en 3e place (21,9% des voix), devant Eric Zemmour (7%), Valérie Pécresse (LR, 4,7%), Yannick Jadot (4,6%), Fabien Roussel (PCF, 2,2%) et Anne Hidalgo (1,75%).
Le 24, M. Macron est réélu avec 58,5% des voix face à Mme Le Pen (41,6%), une nette victoire tempérée par le score inédit de l'extrême droite et une abstention record (28%) depuis la présidentielle de 1969.
- Naissance de la Nupes -
Dans la nuit du 5 au 6 mai, le Conseil national du PS adopte à 62% un accord avec La France insoumise (LFI) en vue des législatives. Une alliance qui marque un changement d'orientation historique, malgré des différends sur l'Europe.
La Nouvelle union populaire écologique et sociale (Nupes) réunit LFI, le PS, EELV et le PCF.
A son programme notamment: SMIC à 1.400 euros, retraite à 60 ans, garantie d'autonomie pour les jeunes, blocage des prix sur les produits de première nécessité, planification écologique et avènement d'une VIe République.
- MeToo# politique -
Plusieurs affaires mettent en cause des hommes politiques soupçonnés de violences envers des femmes.
La prescription des faits, l'absence de plainte ou l'instrumentalisation politique de ces accusations compliquent parfois leur lecture.
Fin mars, l'ex-secrétaire d'Etat écologiste Jean-Vincent Placé est mis en examen pour l'agression et le harcèlement sexuel d'une ancienne collaboratrice.
En mai, le nouveau ministre des Solidarités Damien Abad est accusé de viol ou tentative de viol en 2010 et 2011.
Il "réfute catégoriquement" alors qu'une femme porte plainte. Il reste au gouvernement puis est démis de sa fonction lors du remaniement post-législatives en juillet.
Figure de LREM, Jérôme Peyrat renonce à se présenter aux législatives après la révélation d'une condamnation en 2020 pour violences sur son ex-compagne, elle-même condamnée pour harcèlement.
Eric Coquerel (LFI), président de la commission des Finances de l'Assemblée nationale, est accusé par une ancienne proche du Parti de gauche et figure des "gilets jaunes" de "gestes déplacés" lors d'une soirée en boîte de nuit en 2014.
Elle porte plainte, le parquet de Paris ouvre une enquête en juillet.
Le député insoumis Adrien Quatennens se met en retrait de l'Assemblée mi-septembre après avoir reconnu une gifle à sa compagne en plein divorce.
Elle porte plainte, évoque des violences plus nombreuses. Le 13 décembre, M. Quatennens est condamné à quatre mois d'emprisonnement avec sursis dans une procédure de plaider-coupable et suspendu pour la même durée du groupe parlementaire LFI. Il exclut de démissionner.
L'écologiste Julien Bayou démissionne le 26 septembre du secrétariat national d'EELV pour se défendre des accusations de violences psychologiques envers une ex-compagne, relayées par des membres de son propre parti, sans dépôt de plainte.
Marine Tondelier lui succède le 10 décembre.
En octobre, l'eurodéputé Hervé Juvin est condamné en appel pour des violences physiques sur son épouse en 2018.
Il doit quitter le groupe RN au Parlement européen et le conseil régional des Pays-de-la-Loire.
L'année est aussi marquée par des témoignages groupés de femmes se présentant comme d'anciennes victimes du journaliste Patrick Poivre d'Arvor et par le limogeage de Jean-Jacques Bourdin par le groupe Altice Media après des accusations d'agression sexuelle.
- Chaos au stade -
Attente interminable, supporters et familles aspergés de gaz lacrymogènes ou victimes de vols...
Le dispositif de maintien de l'ordre lors de la finale à Paris de la Ligue des champions Real Madrid-Liverpool, se passe très mal le 28 mai à l'entrée du stade et fait l'objet d'une vive polémique en France et en Angleterre.
Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin incrimine les supporters britanniques aux nombreux billets falsifiés selon lui, avant que le préfet Didier Lallement n'admette s'être "peut-être trompé" sur leur nombre, reconnaissant un "échec".
Un rapport gouvernemental pointe des dysfonctionnements policiers et organisationnels. L'épisode écorne l'image de la France à 777 jours du coup d'envoi des JO à Paris.
- Législatives: exit la majorité absolue -
Le 12 juin, le 1er tour des législatives est marqué par une abstention record (52,4%) et une double percée de la gauche et du RN.
Les macronistes ne conservent que 250 sièges (dont 172 du groupe Renaissance, ex-LREM) sur 577 à l'issue du second tour le 19 juin, à 39 voix de la majorité absolue.
Le reste de l'hémicycle se répartit principalement entre la Nupes (151 sièges, dont 75 LFI, 31 PS, 23 EELV, 22 PCF), le RN (89) et LR (62), dont Eric Ciotti prendra la présidence en décembre.
Avec un groupe de députés dix fois plus nombreux qu'en 2017, le RN, dont Jordan Bardella prendra la tête en novembre, devient le premier parti d'opposition.
C'est une gifle pour le président Macron qui, outre sa majorité absolue, perd deux précieux relais à l'Assemblée nationale, Richard Ferrand et Christophe Castaner, et trois nouveaux ministres également battus.
Le 25, Elisabeth Borne est confirmée à son poste de Première ministre.
Pour la première fois de l'Histoire, une femme, Yaël Braun-Pivet, est élue présidente de l'Assemblée nationale.
Mme Borne dégaine dix "49.3" et déjoue douze motions de censure pour faire voter les budgets 2023 de l'Etat et de la Sécurité sociale, puis entame les très impopulaires réformes des retraites et de l'assurance-chômage dans un climat social marqué à l'automne par des grèves d'enseignants, de soignants, des transports et pour les salaires.
- Attentats du 13 novembre: le verdict -
Le 29 juin, plus de six ans après les attentats du 13 novembre 2015 à Paris et Saint-Denis, la cour d'assises spéciale de Paris condamne Salah Abdeslam, 32 ans, seul membre encore en vie des commandos qui ont fait 130 morts, à la perpétuité incompressible, peine la plus lourde du code pénal.
Ses 19 coaccusés, dont cinq présumés morts, son condamnés à des peines allant de deux ans à la perpétuité.
Le 5 septembre, débute à Paris le procès de huit personnes soupçonnées d'être impliqués dans l'attentat au camion-bélier qui avait fait 86 morts et plus de 400 blessés le 14 juillet 2016 à Nice, sur la promenade des Anglais. Le conducteur du camion avait été abattu par la police.
Les huit prévenus reçoivent le 13 décembre des peines allant de deux ans d'emprisonnement à dix-huit ans de réclusion. Les deux principaux condamnés font appel.
- Canicule, incendies, orages: le triste été -
La France connaît en 2022 trois vagues de chaleur et un nombre record de 33 jours de canicule. La première est "exceptionnelle et précoce", avec 40°C dès le 16 juin dans l'Hérault et 43°C le 18 à Arcachon (Gironde).
Nouveau pic en juillet: le 18, 64 records locaux de températures tombent dans la moitié ouest.
Dernier épisode caniculaire, moins intense mais plus long, principalement dans le Sud-Ouest la première moitié d'août.
Chaleur et sécheresse persistante provoquent d'énormes incendies, notamment en Gironde où la quasi-totalité des campings du Pilat brûlent en une semaine tandis que plusieurs milliers de personnes sont évacuées et des milliers d'hectares de végétation ravagés.
Selon Santé publique France, 2.816 décès sont enregistrés en excès pendant les trois épisodes de canicule.
Le 18 août, des orages soudains font cinq morts et d'énormes dégâts en Corse.
Le mois d'octobre est le plus chaud jamais enregistré.
- Energie: grèves et appel à la "sobriété" -
Le gouvernement présente en octobre un plan de "sobriété" énergétique invitant à moins chauffer, moins éclairer, ou favoriser le télétravail pour éviter les coupures de courant durant l'hiver. Il lance un processus de renationalisation d'EDF afin de relancer un vaste programme nucléaire.
Une grève de plus de 35 jours pour les salaires dans les raffineries et dépôts de carburants, entamée le 27 septembre à l'appel de la CGT, provoque des pénuries dans les stations-service et s'étend aux centrales nucléaires.
Les salariés de TotalEnergies pointent les énormes bénéfices engrangés par l'entreprise et obtiennent des hausses de salaire.
Outre une ristourne gouvernementale instaurée pour limiter la flambée des prix du carburant à la pompe et un bouclier tarifaire pour contenir en 2023 à 15% la hausse des prix de l'énergie, des mesures d'aide au pouvoir d'achat sont décidées comme un "chèque énergie", la revalorisation des retraites de base ou la suppression controversée de la redevance télé.
La gauche défend en vain une taxe sur les "superprofits".
- Des proches du président au banc des accusés -
Le 3 octobre, la Cour de justice de la République (CJR) prononce le renvoi en procès pour "prise illégale d'intérêts" du garde des Sceaux Eric Dupond-Moretti, soupçonné d'avoir profité de sa fonction de ministre de la Justice pour régler ses comptes avec des magistrats auxquels il s'était opposé quand il était avocat.
Peu auparavant, Alexis Kohler, secrétaire général de l'Elysée, a été mis en examen pour "prise illégale d'intérêts" dans une enquête sur ses liens avec l'armateur italo-suisse MSC.
Le maintien des deux hommes à leurs postes est vivement critiqué par l'opposition.
Thierry Solère, député LREM et conseiller d'Emmanuel Macron, est aussi mis en examen, soupçonné d'avoir utilisé à des fins personnelles une partie de ses frais de mandat entre 2012 et 2019.
La ministre aux Collectivités territoriales Caroline Cayeux démissionne le 28 novembre, soupçonnée d'avoir sous-évalué son patrimoine dans ses déclarations.
Une autre révélation fragilise le président: les contrats de l'Etat avec les cabinets McKinsey ont atteint un record de plus d'un milliard d'euros entre 2018 et 2021 alors que le cabinet de conseil n'a versé aucun impôt sur les sociétés entre 2011 et 2020.
Le Parquet national financier (PNF) ouvre en octobre deux enquêtes sur l'intervention de McKinsey dans les campagnes électorales de M. Macron en 2017 et 2022 et un éventuel "favoritisme".
- Nobel pour Annie Ernaux -
Le 6 octobre, le prix Nobel de littérature couronne Annie Ernaux, 82 ans, et le "courage" de son oeuvre autobiographique, faisant de cette écrivaine féministe d'origine populaire la première Française à décrocher le prix.
La veille, un autre Français, Alain Aspect, a reçu le prix Nobel de Physique avec un Américain et un Autrichien pour leurs travaux en physique quantique.
- Le calvaire de Lola -
Le 14 octobre, le corps sans vie de Lola, 12 ans, est découvert dans une malle dans la cour de son immeuble du XIXe arrondissement de Paris. Une suspecte, Dahbia B., Algérienne de 24 ans, sous le coup d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF) au moment des faits, est mise en examen pour meurtre et viol aggravé.
La droite et l'extrême droite dénoncent la non-exécution de son expulsion, tandis que la famille demande que "cesse" toute utilisation du drame "à des fins politiques".
Le gouvernement promet des expulsions mieux contrôlées via un projet de loi immigration.
- Mondial : les Bleus échouent en finale -
Parvenue en finale du Mondial de foot au Qatar après avoir battu le Maroc (2-0), la France s'incline le 18 décembre aux tirs au but (4-2) face à l'Argentine à l'issue d'un scénario de folie: un doublé de Lionel Messi, meilleur joueur du tournoi, un triplé historique de Kylian Mbappé, meilleur buteur de la compétition, et des prolongations d'un extrême suspense (3-3).