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L'ancien Premier ministre pakistanais Imran Khan a été placé mercredi en détention provisoire pour une affaire de corruption, au lendemain de son arrestation qui a déclenché des émeutes provoquant l'envoi de soldats dans le Pendjab.
"Le tribunal a approuvé la mise en détention provisoire d'Imran Khan pour une durée de huit jours", a déclaré à l'AFP Ali Bukhari, un avocat de M. Khan, à l'issue de l'audience à huis clos.
Le gouvernement a par ailleurs donné son feu vert au déploiement de soldats dans la province du Pendjab, la plus peuplée du pays, où près de 1.000 manifestants ont été arrêtés et 130 policiers blessés depuis le début des manifestations mardi.
L'ordre émis par le ministère de l'Intérieur ne précise pas la date ni la durée du déploiement demandé par le gouvernement provincial, pas plus que le nombre de soldats.
De violents heurts ont éclaté entre les partisans du Pakistan Tehreek-e-Insaf (PTI), le parti de M. Khan, et la police à l'annonce, mardi, de l'arrestation de l'ex-Premier ministre lors d'une convocation judiciaire pour une affaire de corruption.
Des protestataires ont fait irruption dans la résidence du commandant militaire de Lahore (est) et ont bloqué les grilles d'entrée du quartier général de l'armée à Rawalpindi, près d'Islamabad.
Mercredi les écoles ont été fermées dans tout le pays et l'accès aux réseaux sociaux tels que Twitter et Facebook retreint par les autorités.
A midi, les manifestants avaient bloqué certaines routes menant à Islamabad. D'importantes force de sécurité ont été mobilisées dans la capitale à l'extérieur du bâtiment de la police où le tribunal spécial s'est réuni pour juger de nouveau l'ancien Premier ministre.
Selon Sher Afzal Marwat, avocat du parti de M. Khan, celui-ci est "de bonne humeur", mais a été frappé à l'arrière de la tête et à la jambe par les forces paramilitaires qui l'ont arrêté.
"S'ils pensent que l'arrestation d'Imran Khan va nous démoraliser, ils se trompent lourdement", a déclaré l'un de ses partisans, Niaz Ali, à Peshawar, où plusieurs monuments et bâtiments gouvernementaux ont été incendiés. "Nous sommes aux côtés d'Imran Khan et nous le soutiendrons jusqu'à la mort", a-t-il poursuivi.
- "Affaire illégitime" -
Imran Khan a été destitué de ses fonctions de chef du gouvernement en avril 2022, après avoir perdu le soutien de l'armée et le vote d'une motion de censure à son encontre.
Après sa chute, M. Khan, 70 ans, visé par plusieurs dizaines d'affaires judiciaires et dont les relations avec l'institution militaire n'ont fait que se dégrader, a fait pression pour l'organisation d'élections anticipées avant la date limite d'octobre, dans l'espoir de revenir au pouvoir. En vain.
L'ex-Premier ministre, parvenu au pouvoir avec l'appui de l'armée en 2018 avant de se brouiller avec la hiérarchie militaire, a accusé ce week-end un officier supérieur d'avoir comploté pour l'assassiner en novembre lors d'un meeting, au cours duquel il a été blessé par balle à une jambe.
"Ces allégations fabriquées de toutes pièces et malveillantes sont extrêmement malheureuses, déplorables et inacceptables", a répondu lundi dans un communiqué l'armée, estimant que "cette propagande tapageuse" visait à "promouvoir des objectifs politiques".
Officiellement, l'agression est l'œuvre d'un tireur solitaire qui, selon une vidéo diffusée par la police, a avoué en être l'auteur et qui est incarcéré, mais cette théorie est rejetée par M. Khan.
Les critiques à l'encontre de l'armée sont rares au Pakistan, où ses chefs exercent une influence politique considérable. Elle a organisé au moins trois coups d'Etat depuis l'indépendance en 1947, régnant pendant plus de 30 ans.
"Mes (chers) Pakistanais, au moment où ces mots vous parviendront, j'aurai été arrêté dans le cadre d'une affaire illégitime", avait déclaré mardi M. Khan dans une vidéo pré-enregistrée, anticipant son arrestation.
Le ministre de la justice, Azam Nazeer Tarar, a déclaré lors d'une conférence de presse qu'il n'y avait "aucune vendetta politique" autour de l'arrestation de M. Khan.
L'affaire qui a conduit à sa détention a été introduite par le National Accountability Bureau (NAB), le principal organisme pakistanais de lutte contre la corruption, qui a déclaré que l'ancien joueur de cricket avait ignoré des convocations répétées au tribunal.