Partager:
Les propriétaires de véhicules diesel Euro 5 devront s'en séparer avant janvier 2025 à Bruxelles, sous peine de ne plus pouvoir circuler dans la zone de basses émissions. Les professionnels du secteur demandent un moratoire pour reporter cette échéance, invoquant des difficultés économiques pour les automobilistes.
Axel est le propriétaire d'une petite camionnette grise. "Elle a maintenant 13 ans et 130.000 kilomètres. Elle a toujours toujours été extrêmement bien entretenue. Elle est équipée d'un filtre à particules. Mais, c'est une Euro 5 et je dois m'en séparer avant le 31 décembre", regrette-t-il.
À partir de janvier 2025, les véhicules diesel Euro 5, (mais aussi d’autres véhicules dont les Euro 2) ne seront plus autorisés dans la Région de Bruxelles-Capitale. Pour rappel, il s’agit d’une zone de basses émissions. Les 19 communes interdisent la circulation aux véhicules les plus polluants.
Rien que pour les voitures diesel Euro 5, il y en a encore plus de 600 000 immatriculés dans notre pays, dont plus de 33 000 appartiennent à des bruxellois. Par ailleurs, il y a aussi 50.000 voitures à essence Euro-2 qui ne répondent pas aux nouvelles normes.
Le calendrier bruxellois, pour sa zone de basses émissions, a été annoncé en 2018. Les automobilistes ont été prévenus, mais depuis lors, rappelle Touring, il faut tenir compte de la forte hausse des prix des voitures neuves et d'occasion, de la lourde pression sur le pouvoir d'achat des ménages, de l’offre de véhicules électriques qui n’est pas encore assez diversifiée et abordable. Remplacer son vieux diesel Euro 5 ne sera pas facile.
C'est presque la donner que je vais devoir faire
"Si on doit passer au tout électrique, en dessous de 30-35.000 euros, vous n'avez rien d'intéressant", fait remarquer Axel. "En plus, cette voiture-ci, comme elle ne pourra plus circuler, elle perd complètement la valeur résiduelle qu'elle peut encore avoir. C'est presque la donner que je vais devoir faire".
Quant aux occasions, leur prix a augmenté, comme le constate Serge Istas, de chez Traxio, la fédération des professionnels de l’automobile : "Racheter même une Euro 6 de première génération aujourd'hui, ce ne serait valable que pour deux ans. Pour pouvoir aller plus loin, il faut acheter une voiture de dernière génération. Il va y avoir une demande sur ces voitures d'occasion gigantesque à Bruxelles et l'offre ne sera pas suffisante. On va faire grimper les prix", prévient-il.
En Flandre, Gand et Anvers sont déjà repoussés jusqu'à janvier 2026. Et à Bruxelles, cette échéance du 1er janvier 2025 sera-t-elle respectée ? La décision finale est politique. Elle appartient au futur gouvernement bruxellois, qui est toujours en formation. Si l’échéance est maintenue, il pourrait y avoir une période de transition, sans amendes, comme en 2022 où, jusqu’au 30 juin, il n’y a pas eu d’amendes perçues mais de simples avertissements.
Touring demande d'attendre
Touring a demandé, en mars et en juin de cette année, l'instauration d'un moratoire sur l'exclusion des véhicules Euro 5 diesel de la zone basses émission bruxelloise prévue à partir de 2025. La fédération des professionnels de l’automobile Traxio est du même avis.
"Ça demande un remplacement de beaucoup de voitures qui n'est juste pas réaliste et qui n'est pas nécessaire. Les véhicules les plus polluants sont déjà sortis du parc. Donc attendons un peu. Donnons encore un peu plus de temps aux gens de remplacer un véhicule, de préférence dans quelques années, par un véhicule électrique", réagit Joost Kaesemans, porte-parole de Touring.
L'organisation demande de faire la balance entre les gains écologiques d'une part et les coûts économiques d'autre part. Touring estime plus efficace d'attendre que des voitures électriques plus abordables soient disponibles, tant neuves que d'occasion.