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Rencontre exceptionnelle avec des ouvriers qui fabriquent les armes à la FN Herstal: « Moi, j’estime que je fais de la défense »

Par RTL info avec Julien Crete et Xavier Preyat
La Wallonie annonce qu’elle va investir 100 millions d’euros supplémentaires dans la maison mère de la FN Herstal dont elle est l’unique actionnaire. Les résultats financiers de l’entreprise sont au beau fixe. Le chiffre d’affaires est en hausse de 18 % grâce notamment aux ventes du pôle défense et sécurité, en particulier en Europe. Nous avons poussé les portes de la FN Herstal, c’est rarement autorisé. En 4 ans, 4 fois plus de munitions ont été produites, 2 fois plus de mitrailleuses et les pays européens sont désormais les principaux clients du groupe.

La canonnerie de la FN Herstal est un lieu dont l’accès reste extrêmement limité. On y transforme les tubes d’acier, matière première, en canons pour des armes qui seront prochainement envoyées vers plusieurs pays d’Europe. « Nous sommes en train de faire le rayage des canons. Nous partons de parfaits cylindres et nous en faisons alors des canons rayés pour donner l’inertie à la balle. Ça doit être très précis, on parle de centièmes de millimètres », raconte Guillaume, ouvrier pour la FN Herstal. Dans ces ateliers, ces derniers mois, l’activité ne cesse de croître. On y trouve des machines automatisées, mais surtout un savoir-faire humain. « Je fais la lime, après je les révise. Après la révision, ça va directement au stockage », relate Najib, ouvrier pour la FN Herstal.

L’Impact du réarmement européen sur la production

À l’heure d’un changement géopolitique important et d’un réarmement confirmé, plus 30 % de dépenses pour la défense européenne entre 2021 et 2024, le travail ici a pris un sens plus particulier encore. « Celui qui aime bien son travail ici, franchement, il fait quelque chose de bien. C’est pour la sécurité », dit Najib. « C’est la défense. Moi, j’estime que je fais de la défense », confie Dominique, ouvrier pour la FN Herstal.

Depuis 2022, le groupe a doublé sa production de munitions, fois 4 d’ici la fin de l’année. La production de mitrailleuses enregistre +50 %. Et ces demandes concrètes proviennent en large majorité de pays membres de l’Union européenne. Ce marché représentait, avant 2021, 25 % de la production. Il est actuellement proche des 75 %. « Ça a un impact clairement dans l’usine, indique Henry de Harenne, directeur de la communication de FN Browning group. Nous produisons plus à l’heure actuelle, aussi bien de munitions que d’armes légères ». Dans les projets pour le groupe, le développement de nouvelles lignes de production. Des usines installées en France, en Italie, en Espagne, des commandes sur le long terme sont attendues. « Il se pose vraiment la question de l’autonomie stratégique de nos États européens, ce qu’ils veulent d’un point de vue stratégique, d’un point de vue d’autonomie stratégique et de sécurité d’approvisionnement », déclare Henry de Harenne. Et ce dernier d’interroger : « Que devons-nous produire de plus pour répondre à vos besoins à long terme ? »

Les limites du marché

Reste des limites dans cette politique d’accroissement. Des Etats qui font parler d’eux actuellement et avec lesquels les marchés sont impossibles. Israël et la Russie. « En ce qui concerne Israël, c’est un pays qui a sa propre industrie de défense depuis longtemps et notamment dans notre domaine. Ça fait plusieurs décennies qu’on n’a pas vendu à Israël qui s’équipe elle-même, précise Henry de Harenne. En ce qui concerne la Russie, ça, c’est différent. Nous n’équipons que les forces armées européennes, OTAN et leurs alliés dans le monde. »

Les sites belges du groupe emploient actuellement 1600 travailleurs. Leur nombre pourrait augmenter dans les prochaines années.

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